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LA KABBALE

marie aux trois antres éléments, elle produit d’autres genres de terres qui ont de la ressemblance avec les éléments qui s’étaient unis à la terre. »

C’est au nombre de ces combinaisons quaternaires qu’il faut ranger le corps de l’homme.

« Rabin Siméon dit : Ce qui précède corrobore la sentence de Rabbi Hizqiya suivant laquelle, au moment de la création de l’homme, le Saint (béni soit-il !) en forma le corps de la terre sur laquelle s’élevait le sanctuaire d’ici-bas, et en forma l’âme de la terre sur laquelle s’élève le sanctuaire d’en haut. Et de meme que lorsque l’homme fut formé de la terre d’ici-bas, les trois autres éléments vinrent s’associer à la terre, de même, lorsque l’âme fut créée de la terre d’en haut, les trois autres éléments constitutifs du Monde d’en haut vinrent s’associer à la terre d’en haut ; et c’est ainsi que l’homme fut achevé. »

Partant, l’homme[1] « est composé d’éléments des deux Mondes, de ceux du Monde d’en bas et de ceux du Monde d’en haut. » Ainsi la doctrine chimique que professaient les Kabbalistes se reliait à leur théorie sur la composition de l’homme.


XI
L’ÂME HUMAINE

Il est peu de sujets auxquels le Zohar revienne plus volontiers qu’à la constitution de l’âme humaine ; il en est également peu où ses divers enseignements présentent un plus complet accord.

De ces enseignements, le dogme essentiel est celui-ci : L’homme, ou, tout au moins, le juste du peuple d’Israël, possède trois âmes ; bien qu’unies entre elles pendant cette vie, ces trois âmes sont réellement distinctes et séparables ; séparées avant la naissance, car elles ont des origines diverses, elles seront de nouveau séparées après la mort, car leurs destinées sont différentes.

Des trois âmes, la moins élevée, c’est l’esprit vital ; le Zohar lui donne le nom de nephesch ; l’hébreu biblique réservait ce nom au corps que la vie n’a point encore abandonné. Au-dessus de l’esprit vital, se trouve l’esprit intellectuel, rouah. Enfin, au sommet de la hiérarchie, réside l’âme proprement dite, neschamah.

  1. Zohar, II, fol. 23b ; t. III, p. 118.