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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

la composition de ces métaux[1]. Nous y voyons que la terre joue, dans la formation de tout métal, un rôle essentiel ; qu’elle le produit par son union directe ou indirecte avec un ou plusieurs autres éléments. « Remarquez que, sans terre, il n’y a ni or ni argent ni cuivre [ni fer] ; car la formation de chaque métal s’opère par le concours qu’un élément prête à l’autre par l’intermédiaire de la terre, qui unit tous les éléments par un point d’affinité. Le feu, l’eau et l’air se mêlent à la terre et, par deux points analogues, s’opère la formation des métaux. »

Ces deux dernières phrases, qui semblent se contredire, signifient sans doute que certains métaux sont formés par l’union de la terre avec un seul élément, et d’autres par l’union du même corps avec deux éléments. Nous voyons, en effet, que « le feu, s’unissant à la terre, produit l’or… et que l’eau, s’unissant à la terre, produit l’argent… La terre se trouve ainsi unie aux deux métaux, or et argent, entre lesquels elle est placée. » L’or et l’argent sont donc obtenus par une simple combinaison binaire.

Nous entrevoyons que le fer et le cuivre résultent de combinaisons ternaires ; mais les indications que le Zohar donne au sujet de ces combinaisons sont incomplètes ou contradictoires. Il déclare que « la terre produit le fer par le mélange du sec et du froid » ; peut-être faut-il entendre par là que, pour former le fer, la terre s’unit au feu, d’une part, et à l’eau, d’autre part. Il marque clairement que le feu entre aussi dans la composition du cuivre ; mais il dit que « l’air s’unit à l’eau et au feu, et que, de son mélange avec ces deux éléments, se forme le cuivre » ; le cuivre ne contiendrait donc pas de terre, contrairement à ce qui a été nettement affirmé ; peut-être faut-il lire terre au lieu d’eau, et dire que le feu forme le cuivre en s’unissant, d’une part, à la terre et, d’autre part, à l’air.

« Comme les métaux sont le produit d’un [ou de deux] des trois éléments avec la terre, il s’ensuit que, lorsque la terre s’unit à un métal quelconque, elle produit un autre métal qui a de la ressemblance avec le premier. Ainsi le mélange de la terre avec l’or produit la gangue qui ressemble à l’or ; son mélange avec l’argent produit le plomb ; son mélange avec le cuivre supérieur rouge produit le cuivre inférieur jaune, et son mélange avec le fer produit l’acier. »

Les terres sont des combinaisons quaternaires de la terre élémentaire avec les trois autres éléments. « Lorsque la terre se

  1. Zohar, II, fol. 24a et 24b ; t. III, pp. 120-121.