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LA KABBALE

Trésor d’en haut. Au-dessus de ces cieux existe un ciel qui n’a nulle couleur et qui échappe à tout entendement. Nul ne sait ce qui se passe dans les trois cieux supérieurs : il convient à l’homme de garder le silence à ce sujet et de ne pas même chercher à approfondir ce mystère…

» Babbi Yessé dit : Il y a neuf cieux, et la Schekhina en constitue un dixième… Il y a sept firmaments en haut et sept firmaments en bas. À l’exemple des firmaments d’en haut, les firmaments d’en bas sont pourvus d’étoiles et de planètes qui régissent le Monde d’une façon convenable. Dans tout ordre de choses, le septième est supérieur, excepté pour les firmaments, où c’est le huitième qui régit tous les autres ».

Pourquoi les Kabbalistes ont-ils tenu à ne compter que sept firmaments pourvus d’astres, et non huit, comme tous les astronomes de l’Antiquité ? La raison s’en trouve assurément dans l’importance que la Loi juive, et le Zohar après elle, accordaient au nombre sept.

« Remarquez[1] que, lors de la création du Monde, le Saint (béni soit-il !) créa sept firmaments en haut, sept terres en bas, sept mers, sept fleuves, sept jours, sept semaines, sept ans. sept fois sept ans et les sept mille ans de la durée du Monde. À chaque septième se trouve le Saint (béni soit-il !). Il y a sept firmaments en haut ; chacun d’eux est orné d’étoiles, d’astres et de soleils… Tous les firmaments sont superposés comme des pelures d’oignon : les uns sont en haut et les autres en bas. Chaque firmament marche et se meut par la crainte de son Maître ; c’est sur l’ordre de Dieu qu’ils se meuvent, sur son ordre qu’ils demeurent immobiles. »

Comment les Rabbins kabbalistes s’y prenaient-ils pour distribuer, entre 1rs sepl firmaments inférieurs, le Soleil, la Lune, les cinq étoiles errantes alors connues et les étoiles fixes ? Nous n’avons rien rencontré dans le Zohar qui nous permît, à cette question, de donner une réponse catégorique. Tout au plus pouvons-nous former une conjecture. Celle-ci repose sur un passage[2] qui commente cette parole de la Genèse : « Au firmament du Ciel, que des lumières soient faites. » Nous y lisons que « la Lune… et le Soleil… avaient été primitivement créés dans le but de cohabiter et d’éclairer la Terre simultanément ; mais c’est par la faute du Serpent que les lumières de ces deux astres furent

  1. Zohar, III, fol. 10b ; t. V, p. 27.
  2. Zohar, I, fol. 46b ; t. I, p. 269.