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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

Au sujet de ces huit cieux inférieurs, tous les textes du Zohar, sauf un, s’accordent en un même enseignement, qui est celui-ci :

Les sept cieux les plus voisins de la Terre, qui sont souvent nommés les sept firmaments, sont seuls pourvus d’astres ; ils contiennent les étoiles fixes aussi bien que le Soleil, la Lune et les étoiles errantes. Le huitième ciel, nommé Araboth, est un ciel invisible et sans astre. C’est ce huitième ciel dénué d’étoile qui gouverne les sept firmaments étoilés et leur imprime le mouvement diurne.

Voici quelques passages où s’affirme cette doctrine :

« Une tradition[1] nous apprend que le Saint (béni soit-il !) a formé sept firmaments en fixant à chacun d’eux des étoiles fixes et des étoiles mobiles. Au-dessus de ces firmaments est étendu l’Araboth.

» L’étendue de chaque firmament est de cent ans de marche, La hauteur[2] de chaque firmament est de cinq cents ans de marche ; une pareille distance sépare un firmament de l’autre. L’étendue[3] de l’Araboth est de mille cinq cents ans de marche, et son épaisseur est également de mille cinq cents ans.

» C’est de la lumière de l’Araboth que tous les firmaments au-dessous de lui sont éclairés.

» Une tradition nous apprend également qu’au-dessus de l’Araboth, se trouve le firmament des Hayoth. »

« Le huitième ciel[4] est appuyé sur les Hayoth supérieures ; il n’a aucune couleur, car il est mystérieux et caché. Toutes les couleurs sortent de lui, mais lui, il n’en a aucune ; toutes les lumières sortent de lui, mais on ne remarque en lui ni lumière ni ténèbres ni aucune couleur. Les âmes des justes situées sous le firmament inférieur voient la lumière qui s’échappe de ce firmament suprême ; mais elles ne la voient qu’à l’exemple de quelqu’un qui regarde au travers d’une cloison translucide. Nul ne peut voir cette lumière que celui qui est dedans. C’est pourquoi l’Écriture dit : « Les cieux des cieux sont au Seigneur. » C’est une allusion au ciel suprême étendu au-dessus des autres ».

« Rabbi Hiyâ dit[5] : …Les dix rideaux dont parle l’Écriture désignent les dix cieux. Sept de ces cieux sont étendus dans le

  1. Zohar, II, fol. 56b ; t. III, p. 252.
  2. Le début de cet alinéa n’est pas compréhensible. Il nous paraît vraisemblable qu’il le faudrait entendre ainsi : La hauteur du premier firmament c’est-à-dire sa distance à la Terre, est de cent ans de marche. L’épaisseur
  3. Il faut entendre par là, pensons-nous, la distance entre le firmament suprême et l’Araboth.
  4. Zohar, II, fol. 213a et 213b ; t. IV, p. 223.
  5. Zohar, II, fol. 164b et 165ba ; t. IV, p. 109.