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LA KABBALE

De même, Rabbi Hiyâ déclare[1] : « Les dix rideaux dont parle l’Écriture désignent les cieux… Les initiés savent que les dix rideaux du Tabernacle ici-bas sont l’image des cieux d’en haut. »

Et Rabbi Yessé disait à son tour[2] : « Il y a neuf cieux, et la Schekhina en constitue un dixième ; car l’Écriture parle de dix rideaux ; or, s’il y avait dix cieux, il y en aurait onze avec la Schekhina ; mais il n’y en a que neuf, ce qui fait dix avec la Schekhina… Les dix rideaux du Tabernacle sont ainsi l’image des dix cieux. Ceci constitue le plus grand des mystères ; il n’est connu que de peu d’initiés. »

Au-dessous du Firmament, frontière commune des deux Mondes, s’étagent donc neuf sphères célestes.

La neuvième, la plus élevée, la plus voisine du Firmament, c’est celle dont les textes précédents nous ont, à plusieurs reprises, dit le nom ; c’est le ciel des Hayoth.

Les Hayoth sont des anges auxquels le Zohar prête des corps et dont il donne des descriptions apocalyptiques. La grandeur de ces êtres confond l’imagination. « Chacun des membres des Hayoth[3] représente une hauteur égale à sept fois la profondeur de l’abîme, à sept fois la hauteur des sept palais célestes, et à sept fois la distance entre la Terre et le Firmament. » Quatre Hayoth[4] se tiennent devant le char de Dieu, et l’une de ces Hayoth a la figure d’un aigle. « Chaque ange de la région des Hayoth[5] sous la conduite de Michel, est pourvu de quatre ailes. »

C’est le ciel des Hayoth que l’Écriture désigne lorsqu’elle parle des « eaux d’en bas. » Aussi ce ciel prend-il parfois le nom d’Océan céleste.

« Au-dessus des cornes des Hayoth, dit le Zohar[6], il y a encore un Firmament… Au dessous de ce Firmament, se trouvent de nombreuses légions [d’anges] du côté droit et du côté gauche. Au-dessous de l’Océan céleste, on voit de nombreux poissons parcourant les eaux dans tous les sens, ainsi qu’il est écrit : « Dans cette mer si grande et d’une si vaste étendue, se trouvent un nombre infini de poissons, de grandes et de petites Hayoth. »

Dans sa concavité, le ciel des Hayoth embrasse huit autres cieux.

  1. Zohar, II, foll. 164b et 165a ; t. IV, p. 109.
  2. Zohar, loc. cit.
  3. Zohar, II, fol. 56b ; t. III, p. 253.
  4. Zohar, I, fol. 42a ; t. I, p. 253.
  5. Zohar, I, fol. 23b ; t. I, p. 146.
  6. Zohar, II, fol. 56b ; t. III, p. 253.