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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

phragme, tout en séparant la partie supérieure de la partie inférieure, transmet à cette dernière les éléments qu’il reçoit de la première. Il en est de même du Firmament établi au milieu, entre les régions inférieures et les régions supérieures ; il communique aux Hayoth, situées au-dessous de lui, la lumière qu’il reçoit d’en haut. »

Ce Firmament est souvent considéré comme un orbe matériel transparent semblable à du cristal. « Au-dessus des cornes des Hayotk, dit le Zohar[1], il y a encore un Firmament, ainsi qu’il est écrit : « Au dessus de la tête des Hayoth, on voyait un Firmament qui paraissait comme un cristal étincelant et terrible à voir. »

Mais, parfois, ce Firmament, œuvre dit Verbe, trait d’union par lequel le Verbe établit la communication entre le Monde supérieur et le Monde inférieur, ce Firmament, disons-nous, est identifié avec le Verbe. « Rabi Yessé dit[2] : Il y a neuf cieux, et la Schekhina en constitue un dixième. »

Aussi certains textes assurent-ils que le Firmament est incréé, qu’il n’a point eu de commencement. « L’Écriture[3] ne dit pas : « Qu’un Firmament soit fait et qu’il soit placé au milieu des eaux », mais bien : « Que le Firmament soit au milieu des eaux », parce que le Firmament dont parle l’Écriture existe de toute éternité ; au moment de la création, il n’a pas été créé, mais seulement placé au milieu des eaux supérieures et inférieures, c’est-à-dire au-dessus des Hayoth. »

Le Firmament est la borne qu’Élohim a mise entre le Monde idéal et le Monde matériel ; le Monde matériel, qui gît au-dessous du Firmament, a été créé à la ressemblance du Monde idéal situé au-dessus du Firmament ; en particulier, les cieux de celui-ci ont servi de modèles aux cieux de celui-là. « Rabbi Abba dit[4] :… Il y a cieux et cieux ; il y a des cieux en bas, au-dessous desquels existe une terre, et il y a des cieux en haut au-dessous desquels se trouve également une terre. Tous les degrés d’en haut et d’en bas sont ainsi formés. »

De ces cieux, quel est le nombre ? C’est un symbole qui nous le dira.

« Les dix rideaux du Tabernacle, poursuit Rabbi Abba[5], sont l’emblème des cieux d’ici-bas. »

  1. Zohar, II. fol. 56b ; t. III, p. 253.
  2. Zohar, II. fol. 165a ; t. IV, p. 109.
  3. Zohar, I. fol. 32b ; t. I, p. 203.
  4. Zohar, II. fol. 209a ; t. IV, p. 215.
  5. Zohar, loc. cit.