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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

« Aaron[1], en sa qualité de grand pontife, était le paranymphe de la Communauté d’Israël ; c’était lui qui suivait la Matrone et l’introduisait dans la chambre nuptiale du Roi. Depuis Aaron, tous les pontifes qui faisaient le service au temple remplissaient le même office qu’Aaron. »

Celui-là donc établit l’union entre le Monde d’en haut et le Monde d’en bas, qui rapproche l’un de l’autre les deux époux divins, le yod et le hé ; or, de ces épousailles célestes, l’intermédiaire constant, c’est le Verbe, c’est la Colonne du milieu ; c’est donc aussi le Verbe qui nouera le lien entre les deux mondes. « L’hypostase[2] qui sert de trait d’union entre les deux autres, la fécondante et la génératrice, sert aussi de trait d’union entre les cieux et la terre. »

De même que la Colonne du milieu relie le Père divin à la Mère céleste, de même il attache le Monde idéal qui est mâle au Monde matériel qui est femelle. « Lorsque[3] la séparation des eaux a eu lieu, la querelle a cessé, car en s’interposant entre elles, Élohim leur sert de trait d’union. Les eaux d’en haut forment la partie mâle, les eaux d’en bas la partie femelle… Les premières sont symbolisées par la première lettre du nom sacré de Jéhovah et les secondes par la seconde lettre . Pour que l’union fût faite entre les eaux d’en haut… et celles d’en bas…, Élohim s’interposa entre les eaux mâles et les eaux femelles et s’en fit le trait d’union. » Alors « la lettre vav s’étant interposée entre les deux lettres du nom sacré de Jéhovah, l’union du nom sacré et grave est devenue parfaite… Si la Colonne du milieu ne s’était pas interposée entre elles, l’union et, partant, la fécondité des eaux d’en haut et de celles d’en bas n’auraient jamais pu avoir lieu. »

Au moment de la création, le Verbe, nous l’avons vu, étendit le Firmament pour servir de limite entre le Monde d’en haut et le Monde d’en bas, entre la Lumière mystérieuse et la Lumière unie à la matière ; mais cette limite était bien moins destinée à séparer ces deux Lumières qu’à les relier l’une à l’autre. « En même temps que limite[4] le Firmament est, entre elles, trait d’union : c’est par ce trait d’union que l’une et l’autre sont unies en Élohim…

» L’hypostase qui, dans l’essence divine, forme la Colonne du milieu, est bonne, parce qu’elle sert de trait d’union entre le Monde d’en haut et le Monde d’ici-bas. »

  1. Zohar, II, fol. 49b ; t. III, p. 226.
  2. Zohar, I, fol. 15b ; t. I, pp. 92-93.
  3. Zohar, I, fol. 17b et 18a ; t. I, pp. 108-109.
  4. Zohar, I, fol. 16b ; t. I, pp. 100-101.