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LA KABBALE

nement semblable qui se produit dans le monde idéal ; mais, à son tour, cet événement du monde idéal est, si l’on peut dire, provoqué par un appel du monde matériel.

Cet appel, c’est quelque mouvement librement effectué, au sein du monde matériel, par la volonté de l’homme ; en sorte que les actes libres de l’homme sont au point de départ de tous les changements accomplis dans les deux mondes.

« Dès que le degré de la Clémence se réveille ici-bas[1], le même degré se réveille en haut. Remarquez, en effet, que le monde ici-bas constitue le reflet du monde d’en haut. Si le monde ici-bas se montre joyeux, le monde d’en haut lui sourit également ; mais s’il est dans la tristesse, le monde d’en haut lui envoie la Rigueur. La joie de l’homme lui attire une autre joie du monde d’en haut. Tout ce qui arrive ici-bas n’est que le reflet de la conduite des hommes. »

En vertu de cette théorie, on peut dire que les êtres d’ici-bas sont mûs par les êtres immatériels dont ils sont les images ; ceux-ci sont des forces célestes qui dirigent ceux-là, et ces forces, nous l’avons vu, sont des âmes, des esprits, des anges.

« Chacun des ouvrages que le Saint (béni soit-il !) a faits dans ce monde dépend d’un degré supérieur[2] ; et ce degré, c’est un chef céleste préposé à chacun des ouvrages de Dieu en ce monde, pour le bien ainsi que pour le mal. »

Dans le monde immatériel, en effet, nous l’avons vu, il n’y a pas seulement des êtres purs, mais aussi des êtres impurs ; il y a de bons anges et des démons malfaisants ; il y a des chefs célestes à droite et des chefs célestes à gauche. « Lorsque l’homme marche du côté droit, c’est le chef céleste qui est de ce côté qui dirige tous ses actes et lui vient en aide… Mais si l’homme marche du côté gauche, c’est le chef céleste du côté gauche qui dirige ses actes et, requérant constamment contre lui, il finit par le perdre…

» Dieu a donc tout bien fait en subordonnant chacun des événements de ce monde à un chef céleste. »

Du monde supérieur, nous nous trouvons maintenant en présence de deux descriptions.

Dans ce monde, une de ces descriptions nous fait voir simplement la Sagesse divine ou bien encore la Lueur au sein de laquelle existent, d’une existence virtuelle, toutes les idées d’après lesquelles Dieu a créé les choses d’ici-bas.

  1. Zohar, II, fol. 184b ; t. IV, p. 160.
  2. Zohar, I, fol. 195b ; t. II. p. 373.