lui ai dit : Maître, tu nous as enseigné que le yod est aussi le symbole de la Sagesse, et, en effet, c’est ainsi. Mais pourquoi hé est-il le symbole de Binâ ? Il m’a répondu : Vois que l’Écriture dit : « Et un fleuve sort de l’Éden pour arroser le jardin, » Quel est ce fleuve qui sort de l’Éden ? C’est Binâ. Le yod est un point mystérieux ; hé projette les lumières de tous les côtés. Mais, comme on nous l’enseigne, hé était daleth ; le yod s’unit avec daleth comme s’unissent le mâle et la femelle, et alors daleth devient hé. Le hé devient mère et enfante le vav. C’est le Fils qui se tient toujours devant la Mère et que la Mère allaite. »
Un autre passage du Zohar[1] indique nettement la suite des processions qui, du Mystérieux ou Néant, descend successivement à la Pensée, à l’Intelligence, enfin au Verbe, et qui réunit toutes ces hypostases dans l’unité :
« C’est la voix qui forme le verbe, et il n’y a point de voix sans verbe. La Voix a été envoyée de la région suprême pour garder le Verbe ici-bas : car il n’y a pas de voix sans verbe ni de verbe sans voix…
» Remarquez que la Pensée est le premier degré ; c’est le degré inconnu et impénétrable. Quand la Pensée s’étend plus loin, elle arrive à la région de l’Esprit : cette région forme la troisième[2] des Sephiroth suprêmes, Binâ ; ce degré est moins caché que le premier. Lorsque l’Esprit s’étend, le Verbe sort alors. … La Voix est la synthèse de toutes les forces célestes, et c’est elle qui conduit le Verbe, pour que celui-ci prononce des paroles de joie. En examinant bien ces degrés, on trouvera que la Pensée, la Binâ (L’Esprit-Saint), la Voix et le Verbe ne forment qu’Un, que tout se ramène à la Pensée, première de toutes, et qu’il n’y a aucune séparation entre eux ; tout est Un, et la Pensée est unie étroitement au Néant et n’en est jamais séparée, ainsi qu’il est écrit : « Le Seigneur est Un et son nom est Un. »
Dans la théorie dualiste de la Divinité, ou considérait en Dieu deux aspects : d’une part était L’Ancien, Jéhovah ou la Grande Figure, qui demeurait sans cesse dans un impénétrable mystère ; d’autre part, était Élohim ou la Petite Figure ; celle-ci présentait comme deux côtés, un par lequel elle demeurait cachée au sein de Jéhovah, un autre par lequel elle se manifestait au Monde.