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LA KABBALE

Qu’est-ce que Binâ ? Binâ est produit par l’union du yod et du , comme son nom l’indique (Ben Iah, Fils de Dieu). C’est la perfection de tout. Quand les deux sont unis et que le Fils est avec eux, la sythèse parfaite est réalisée, car ainsi se trouvent réunis le Père et la Mère, le Fils et la Fille. »

D

Après avoir exposé la théorie de la paternité divine, l’Idra zouta ajoute[1] : « Bien que, dans le Livre occulte, ces choses aient été dites d’une autre façon, tout ce que nous disons, dans l’Idra, au sujet du Père et de la Mère est exact. » Que dit donc le Livre occulte ?

Le Livre occulte considère un Père et une Mère, qu’il nomme Jéhovah et Élohim, et qu’il fait correspondre aux deux lettres yod, du nom divin ; de ce Père et de cette Mère, il fait sortir uniquement un Fils, qui correspond à lettre vav.

« Jéhovah est le côté mâle, dit-il, [2] et Élohim le côté femelle… Yod désigne le mâle, la femelle ; vav sort des deux. »

« Il y a un yod caché, poursuit-il[3], en même temps qu’un yod visible. » Ce yod caché, c’est évidemment Hocmâ, nommée ici Jéhovah, tandis que le yod visible, c’est , c’est Binâ, appelée ici Élohim. « Le vav, qui ressemble à la languette d’une balance, les tient en équilibre. L’yod seul désigne le principe mâle. Le désigne le principe femelle. De l’union du yod et du , sortit le vav. »

Ce fils de Jéhovah et d’Élohim, le Livre occulte le désigne comme le Verbe[4] : « Yod et sont les deux couronnes qui s’embrassent, et c’est d’elles que sort la Langue qui parle des choses sublimes. Le vav est caché entre le yod et le . »

Avec cet enseignement du Livre occulte concorde la doctrine de maint passage du Zohar. L’Idra De-Maschcana, par exemple, reprend des pensées semblables à celles du Livre occulte ; comme le s’écrit en ajoutant un petit trait vertical au daleth, cette Idra représente Binâ par la lettre daleth lorsqu’elle n’est pas encore unie à Hocmâ, et par la lettre lorsque cette union est accomplie ; « Sache, dit-elle[5], que j’ai vu Rabbi Siméon en songe, et que je

  1. Zohar, II, fol. 291a ; t. VI, p. 95.
  2. Zohar, II, fol. 178a ; t. IV, p. 142.
  3. Zohar, II, fol. 178b ; t. IV, p. 143.
  4. Zohar, II, fol. 176b ; t. IV, p. 139.
  5. Zohar, II, fol. 123b ; t. III, p. 478.