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LA THÉORIE DES MARÉES

cardinal de Cambrai s’est trouvé si activement mêlé ; c’est dire que ce nom signale, pour ainsi dire, la décadence de l’école philosophique de Paris.

On doit à Pierre d’Ailly un opuscule dans lequel il expose sommairement ce qu’Aristote a traité aux quatre livres des Météores[1]. C’est un écrit bien sec de forme, bien pauvre de fond, où l’on ne trouve aucune trace des observations personnelles, des souvenirs, des suppositions ingénieuses qui donnaient tant de vie, qui assuraient tant d’intérêt aux Questions sur les Météores composées par un Jean Buridan.

Vers le début du second livre, un chapitre assez court est consacré au flux et au reflux de la mer ; voici le commencement de ce chapitre ; c’en est la partie la plus intéressante :

« Pour connaître la cause du flux et du reflux de la mer, il nous faut remarquer que le Soleil a vertu pour mouvoir les choses sèches, tandis que la Lune a même vertu sur les choses humides. Aussi, pendant l’accroissement de la Lune, y a-t-il accroissement de toutes les choses humides, comme du cerveau, de la moelle, et d’autres substances semblables ; pendant le décroît de cet astre, ces mêmes choses décroissent, et c’est la Lune qui les fait décroître ; pendant une éclipse de Lune, certaines choses humides sont consumées et desséchées, comme on le voit dans les lieux où se trouvent certains aliments humides ; cela est également mis en évidence par les coquillages, çomme l’attestent les gens expérimentés.

» Cela étant admis, il faut faire attention à ceci : Lorsque la Lune monte au-dessus de l’horizon de quelque lieu, ses rayons s’étendent à la surface des eaux de la mer en cette même région ; ces rayons produisent en cette eau une certaine altération par laquelle elle devient plus subtile en se gonflant et en diminuant de densité ; à là façon d’un liquide qui bout, elle se meut vers la partie sur laquelle s’étendent les dits rayons.

» Lorsqu’ensuite la Lune dépasse le méridien et s’abaisse vers le couchant, l’eau dont nous venons de parler est, c’est

1. Tractatus brevis atque perutilis venerabilis Episcopi Pétri Cameracensis. Nos nedum vehens in cognitionem eorum : que in Prima Secunda atque Tercia regionibus aeris fiant sicuti sunt Sidéra Cadencia Stelle comate Pluvia Ros Pruina Nix Grando Ventus Terremotus Verumetiam generationem quorumdam corporum infra terram uti sunt fossibilia atque metalla nobis indicabit diligenterque correctus et emendatus in lipczens studio. De impressionibus aeris Venerabilis domini Pétri de Eliago Episcopi Cameracensis : studii parisiensis Cancellarii Libellus super libros Metheororum Arestotelis Incipit féliciter. — Pas de colophon.

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