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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

longtemps à l’analyser ; ce n’est, en effet, qu’une rédaction plus systématique de la théorie exposée par Buridan dans la seconde édition de ses Questions sur les météores. Non seulement notre auteur développe les mêmes idées que Jean Buridan, mais, il les.range dans le même ordre ; il place, d’abord, les données de l’observation ; il discute, ensuite, les explications qui en ont été proposées et qu’il a l’intention de rejeter ; il présente, en troisième lieu, la théorie qui a ses préférences ; enfin, il dissipe quelques doutes qui se peuvent élever dans l’esprit au sujet de cette théorie.

Comme Buridan, notre auteur attribue les marées « à une influence spéciale de la Lune, différente de l’influence de la lumière. » Cette influence est celle qui dilate et fait croître les parties humides des animaux et des végétaux.

Bien que distincte de la lumière, cette influence sé propage de la même manière que les rayons lumineux ; comme eux, elle peut se réfléchir ; le Pseudo-Duns Scot admet, comme Robert Grosse-Teste, que les rayons de l’influence lunaire sont réfléchis par le ciel, et, comme l’Évêque de Lincoln, dont il invoque l’autorité, il explique par là le flux que la Lune détermine en descendant sous l’horizon.

En discutant les doutes que peut susciter cette théorie, notre auteur examine celle qui attribue le flux et le reflux à l’absorption et au rejet des eaux de la mer par certains gouffres ; comme Jean Buridan, il regarde les tourbillons dont certains gouffres sont le siège comme des effets, et non comme des causes de la marée.

Cette brève analyse suffit à montrer ce qu’une étude plus détaillée ne ferait que confirmer, savoir que les Questions sur les Météores attribuées à Duns Scot sont l’œuvre d’un fidèle disciple de Buridan.


IX
l’école de paris au xive siècle (suite).
PIERRE D’AILLY


Le nom de Pierre d’Ailly évoque tout aussitôt l’idée du Grand Schisme d’Occident, aux diverses péripéties duquel le

1. Pseudo Duns Scot, Op. laud., lib. II, quæst. I : Utrum semper mare fluat a septentrione ad austrum. (Joannis Duns Scoti Opéra, éd, cil, , t. III, pp. 63-66.)