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LA THÉORIE DES MARÉES

fluxu et refluxu maris avaient pris pour explication des vives-eaux.

La marée est plus forte lorsque la déclinaison de la Lune est boréale[1], soit parce que les rayons de la Lune tombent plus droit sur la mer, soit parce que la Lune demeure plus longtemps au-dessus de notre horizon.

Le Soleil contribue, quoique moins fortement que la Lune, à gonfler les substances humides[2]. « Aussi, en été, comme le Soleil demeure plus longtemps au-dessus de la Terre qu’au-dessous, le flux diurne est, toutes choses égales d’ailleurs, plus fort que le flux nocturne ; il en est au contraire en hiver.

» Un cinquième renfort est le signe du Zodiaque dans lequel se trouve la Lune, les étoiles fixes auxquelles la Lune est conjointe ou à l’égard desquelles elle est en un aspect déterminé, les planètes qui sont conjointes à la Lune ou qui ont, à son égard, un aspect déterminé. »

À ces raisons astrologiques Buridan attribue sans doute, bien qu’il ne le dise pas, les fortes marées des équinoxes et les faibles marées des solstices.

Il invoque également la composition de l’eau des diverses mers qui rend les mers plus ou moins aisées à mouvoir ; il cherche, par là, à rendre compte de certaines particularités légendaires dont Albert le Grand s’était fait l’écho et qu’on admettait sans discussion sur la foi de cet auteur ; certaines mers n’éprouveraient de flux qu’à la nouvelle lune et à la pleine lune, d’autres une seule fois par jour ; les explications valent les observations ; il n’est pas besoin de les rapporter.

La seconde édition des Questions sur les Météores, composées par Jean Buridan, est connue par d’assez nombreux exemplaires manuscrits ; un de ces exemplaires, malheureusement incomplet, est conservé à la Bibliothèque i Nationale ; c’est celui que nous avons étudié[3].

La question que cette seconde édition consacre[4] à la théorie des marées est, par le fonds comme par la forme, extrêmement

1. Ms. cit., fol. 23, col. a.

2. Ms. cit., loc. cit.

3. Bibl. Nat., fonds latin, ms. no 14.723 ; la table mise par un copiste au fol. 270, ro, porte : Questiones super très prîmos libros metheororum et super majorent partent quarti a magistro Jo. Buridam. Mais l’ouvrage ne porte aucun titre et la fin manque.

4. Questiones super très primos libros metheororum et super majorem partem qùarti a magistro Jo. Buridam, lib. II, quæst. III : Utrum mare debeat fluere et refluere.

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