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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

comme on le démontré évidemment dans une autre Science. Au-dessus donc de la Terre qui demeure immobile, dans l’espace de temps qui contient ce que nous appelons vingt-quatre heures égales[1], le Zodiaque tourne autour de la Terre ; partout, tout point du Zodiaque, durant le temps qui vient d’être fixé, passe nécessairement deux fois au-dessus de quelque partie de cette zone, une fois au-dessus d’une partie qui se trouve à l’Orient de notre habitation, l’autre fois au-dessus d’une partie qui se trouve à l’Occident ; nous le pouvons voir dans la figure cLdessous. »

Dans le texte que nous avons consulté, la figure est restée en blanc ; mais on la reconstituerait aisément, et, d’ailleurs, la proposition énoncée est assez simple pour se passer d’un tel secours.

« Cette concavité ou zone qui contient la mer se nomme F Océan ou Amphitrite. On l’appelle Amphitrite d’amphi, qui veut dire autour, et de terra ; c’est comme si l’on disait : entourant la Terre, ou : autour de la Terre.

» Vers son milieu, elle a un cours très rapide ; aussi n’a-t-on jamais entendu dire que des navires l’aient, jusqu’ici, traversée ; aucune connaissance d’hommes habitant au delà de cette zone n’est donc parvenue jusqu’à nous (et ideo non pervenit ad nos noticia hominum habitantium ultra ipsam) ; c’est de ces hommes qu’on s’enquiert lorsqu’on se demande parfois s’il peut y avoir des antipodes[2]. »

« Cela posé, venons à notre objet.

» Il faut savoir que le Soleil, dont le volume surpasse de beaucoup celui de la Terre, et qui est une source de lumière et de chaleur, décrit par son mouvement propre la ligne écliptique tracée au milieu du Zodiaque ; il tourne autour de la Terre à peu près dans le temps précédemment fixé ; de cela et de ce que nous avons dit, il faut conclure qu’il passe deux fois [pendant ce temps] sur la mer, comme nous l’avons marqué de tous les points du Zodiaque.

» Lorsque le Soleil passe au-dessus de la mer, ses rayons tombent sur la mer perpendiculairement ou presque perpendiculairement ; ils sont très courts et, par conséquent, produisent

1. C’est-à-dire, sidérales.

2. Ici, comme toujours au Moyen-Âge, antipodes désigne les hommes dont la station est inverse de la nôtre, non le lieu qu’ils habitent.

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