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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

le Soleil luist, et l’autre non ; et pource que, quant elle est éclipsée, l’ombre de la terre lui ôte la lumière.

» Item. Nous ne voions la lumière du Soleil en la Lune auxi comme en I miroer, car on ne verroit pas la Lune auxi comme on la voit, mes le Soleil apparoistroit tant seulement auxi comme une perpetite partie de la porcion de la Lune qui nous appert en lumière, et aucunez foiz en nulle ; et seroit veu de certain lieu une foiz, et autre foiz d’autre, et non pas de partout de là où l’en voit la porcion de la Lune enluminée.

» Et seroit tout auxi comme l’en regarde le Soleil en I miroer ou en une eaue ; l’an ne voit pas de chascun lieu dont l’en voit le miroer, ne en chascun endroit, mez en certaine partie et en certaine distance ; et d’une autre distance, l’en le voit en un autre lieu.

» Et la cause est assez légière à entendre, car selon la science de Perspective et selon expérience, la ligne qui va de lerz le œil au mireur, et celle qui retorne de mireur au Soleil par réflexion, as II lignes font deux angles équalz sur un point de la superficie du miroer, là où appert le Soleil ; et pour ce convient-il que, d’un lieu ou d’une distance, le Soleil apparaisse en un endroit ou en une partie on miroer, et d’un autre lieu ou distance qui ne seroit en la ligne qui va de lerz le œil à ce point, il apparoistroit en une autre partie du miroer ; si comme l’an peut considérer et ymaginer en exemple et en ceste présente figure[1]1 icy après pourtraicte selon l’imagination qui est devant mise et déclairée.

» Et, selon ce que récite Adverois, I appelé Aventnarcha fist un traicté espécial à monstrer que la lumière que la Lune a du Solail n’est pas par fraction ou par réflexion.

» Item. Aucuns cors sont [non] dyafennes, et non transparans, et sont obscurs sicomme fer ou poiz noire ou telles chouses. Et les raiz ou lumière du Solail ou d’autre ne passent tout oultre parmy telz corps, se ils ne sont ténues, car, en telz corps, la lumière se profonde de peu ou néant, mès elle retorne par réflexion ou par réfraction.

» Et se telz corps sont bien poliz, les raiz de lumière retournent ou sont frassiez de meisme ordre, et auxi telz corps sont mirœurs.

» Et se ils ne sont poliz, la réflexion ou réfraction est faicte

  1. Dans le ms. cité, la figure a été omise.