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LA THÉORIE DES MARÉES

» La marée, d’ailleurs, ne présente pas, dans les diverses mers, la même régularité que dans l’Océan ; les mers les plus voisines de l’Océan éprouvent le flux plus tôt ; telles sont les mers septentrionales, en particulier celle qui s’étend entre la Norvège et l’Écosse, et celle qui s’ouvre entre l’Irlande et l’Espagne ; les mers plus distantes de l’Océan éprouvent le flux plus tard. »

Les Maîtres de la Scolastique ne nous avaient pas accoutumés à entendre, au sujet de la marée, des considérations aussi précises. L’exposition qu’on prête à Duns Scot continue en ces termes :

« Pourquoi la mer éprouve-t-elle, chaque jour, deux flux et deux reflux ? Albumasar, au lieu que nous avons indiqué, dit que la Lune, lorsqu’elle se trouve en un certain quartier du ciel, produit des effets semblables sur les deux quartiers opposés de la terre… Ainsi y a-t-il, chaque jour, deux flux en chaque quartier,

» Mais de cela, quelle est la cause ? Albumasar ne le dit pas. Il paraît bien que les rayons de la Lune ne peuvent traverser la Terre ; il, semble donc que l’effet causé par la Lune, à l’aide de ses rayons incidents, lorsqu’elle se trouvait dans le quartier oriental au-dessus de la Terre, se trouve produit à l’aide de rayons que le firmament a réfléchis, lorsque la Lune est dans le quartier occidental au-dessous de la Terre. »

Ce n’est point directement du Tractatus de natura locorum de Robert Grosse-Teste, mais bien de l’Opus majus de Roger Bacon, que ce dernier passage paraît imité.


V

le Tractatus de fluxu et refluxu maris. GILLES DE ROME


Expliquer comment deux marées hautes s’observent, chaque jour, en un même lieu, bien que la Lune se trouve une seule fois au méridien au-dessus de ce lieu, c’est, à n’en pas douter, un des très difficiles problèmes que la théorie des marées posait aux physiciens du Moyen Âge.

Une autre difficulté devait également préoccuper leur raison »