Lorsque Copernic, au lieu de laisser la terre en repos au centre du Monde, lui donnera non seulement deux rotations sur son propre centre, mais encore une circulation annuelle autour du Soleil, les astronomes pourront bien prétendre que ces hypothèses ne se donnent pas pour réalités, qu’il leur suffît d’être des fictions par lesquelles les phénomènes se trouvent sauvés d’une manière plus simple et plus exacte qu’à l’aide des artifices de Ptolémée. Mais les physiciens ne s’engageront pas volontiers dans cette échappatoire ; dans le système de Copernic, ils ne verront pas seulement une combinaison cinématique très propre à la construction de nouvelles tables des mouvements célestes ; ils y devineront une affirmation d’une portée toute autre, et qui prétend bien nous révéler une réalité ; ils y devineront cette proposition : La terre est une planète, de même nature que Vénus, Mars ou Jupiter. Le problème que la nouvelle théorie astronomique posera à leur raison sera donc celui-ci. Chacun des corps qu’on nomme les astres errants peut-il être un monde semblable à celui où nous vivons, ayant, en son centre, une terre que l’eau recouvre, que l’air environne ?