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LA ROTATION DE LA TERRE


IV
LA RÉPONSE DE JEAN BURIDAN AUX PERSUASIONS D’ORESME
EN FAVEUR DU MOUVEMENT DE LA TERRE


Nous montrions, au début de ce chapitre, que l’hypothèse de la rotation terrestre n’avait cessée, au xive siècle, d’exciter le très vif intérêt des maîtres parisiens et d’être débattue parmi eux. Au bel exposé d’Oresme en faveur de cette hypothèse, une réponse détaillée fut adressée par un autre membre de l’Université de Paris, par Jean Buridan ; cette réponse a été donnée par Buridan dans ses Questions sur les livres du Ciel et du Monde, qui n’ont jamais été publiées, mais que nous conserve un manuscrit de la Bibliothèque Royale de Munich ; elle a été, de ce manuscrit, exhumée par le R. P. J. Bulliot qui en a publié le texte accompagné d’une traduction française[1] ; nous en allons reproduire les principaux passages ; l’intention non seulement de discuter la supposition du mouvement terrestre, mais encore de riposter aux « persuasions » de l’Évêque de Lisieux s’y marquera de la manière la plus claire.

Après avoir donné quelques raisons pour accorder à la terre au moins un certain mouvement, Buridan énumère[2] les divers problèmes en lesquels se décompose la question qu’il veut examiner.

« Il est, dit-il, un autre sujet de doute difficile à éclaircir ; ce raisonnement d’Aristote est-il valable : Si le Ciel doit, nécessairement et toujours, se mouvoir de mouvement circulaire, il est nécessaire qu’au centre, la terre demeure continuellement en repos.

» Un quatrième point douteux est celui-ci : En admettant que la terre se meut d’un mouvement de rotation autour de son propre centre et sur ses propres pôles, peut-on sauver tous les phénomènes qui se manifestent à nous (possunt salvari omnia nobis apparentia). C’est de ce dernier problème que nous allons parler tout d’abord.

1. J. Bulliot, Jean Buridan et le mouvement de la terre (Revue de Philosophie, quatorzième année, 1914, XXV ; p. 5-24).

2. Questiones’super libris de celo et mundo magistri Johannis Byridani rectoris Parisius. Lib. II, quæst. XXII : Utrum terra semper quiescat.in medio mundi (Bibliothèque Royale de Munich, ms. lat. 19.551, fol. 98, col. d, à fol. 99, col. d.)

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