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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

autres auxi comme au contraire et sur autres pôles, la chouse il conviendroit mettre par nécessité si le Ciel estoit meu de mouvement journal.

Item, par ceste manière, et non autrement, seroit le pôle artique le dessus du Monde, en quelconque lieu que ce pôle soit, et occident seroit la dextre partie, en supposant l’ymaginacion que Aristote met au quint Chapitre.

Et ainsi la partie de la Terre qui est habitable, et meismement celle où nous sommes, seroit le dessus de nous et la dextre du Monde, et au regard du Ciel, et au regart de la Terre, car tout mouvement de tels corps par ce seroit d’occident en orient, comme dit est.

Et c’est raisonnable que habitation humaine soit en plus noble lieu que soit sur terre.

Et si le Ciel est meu de mouvement journal, tout le contraire a vérité, selon ce qu’il appert par Aristote au VIIe Chapitre.

Item, combien que Adverrois die au XXe Chapitre que mouvement est plus noble que repos, le contraire appert, car, selon meisme Aristote en ce Chapitre XXIIe, la plus noble chouse qui soit et qui puisse estre a sa perfection sans mouvement : c’est Dieu.

Item, repos est fin de mouvement et pour ce, selon Aristote, les corps de cy bas sont meus à leurs lieux naturels pour euls y reposer.

Item, en signe que repos vault mieux, nous prions pour les mors que Dieu leur donne repos : Requiem æternam etc.

Et doncques reposer ou estre moins meu est mieux et plus noble condicion que estre meu ou plus meu, et plus loing de repos.

Et pour ce, appert la position dessus dicte très raisonnable ; car l’on diroit que la Terre, qui est le plus vil ellément, et les ellémens de cy bas font leur circuite très isnelment ; et l’aer soverain et le feu moins isnelment sicomme il appert aucunes fois par les comètes.

Et la Lune et son ciel encor plus tardifvement, car elle fait en ùn mois, ce que la Terre fait en un jour naturel. Et ainsi, en procédant tous jours, les plus haux cieuls font leur révolution plus tardifvement, combien que, en ce, soit aucune instance. Et est ce procès siques au ciel des estoilles fichiés, lequel repose du tout, ou fait sa révolution très tardifvement et, selon aucun, en XXXVIm (36.000) ans ; c’est, en cent ans, meu par un degré.