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LA ROTATION DE LA TERRE

nion de ces personnes n’est pas véritable, car si c’est la terre qui se meut, on ne voit pas comment nous pourrions sauver les éclipses, les conjonctions et les oppositions. — Aliqui imaginabantur quod terra moveretur circulariter motu diurno et cælum quiesceret, et per illud salvabant apparitiones in cælo, scilicet ortum et occasum Solis… Sed de isto motu terræ non intenditur in proposito, nec opinio eorum est vera, quia si terra moveretur, non videretur qualiter possumus salvare éclipsés, conjunctiones et oppositiones. »

Les textes d’Albert de Saxe et de Nicole Oresme nous montrent qu’en leur temps, la question de la rotation diurne de la terre était discutée à l’Université de Paris. Les tenants de cette hypothèse insistaient sur l’impossibilité où l’on se trouve de prouver que c’est le Ciel qui se meut et la terre qui demeure immobile. Leurs adversaires arguaient que la seule supposition de la rotation terrestre ne saurait suffire à rendre compte des mouvements multiples du Soleil, de la Lune et des planètes.

Or, à l’époque où écrivaient Oresme et Albert de Saxe, ce débat n’était pas nouveauté parmi les maîtres parisiens ; ils l’agitaient déjà, et dans les mêmes termes, un demi-siècle auparavant ; c’est ce que va nous apprendre un texte fort court, mais très significatif qui se rencontre dans une question de François de Mayronnes sur le second livre des Sentences ; voici ce texte[1] :

« Quatorzième difficulté, relative à la terre, qui est immobile, alors que le feu et les autres éléments sont mobiles. Un certain docteur dit cependant que si la terre était en mouvement et le ciel en repos, ce serait une meilleure disposition. Mais cette opinion est combattue par la diversité des mouvements qui ont lieu dans le Ciel et qui ne pourraient être sauvés. — XIVa difflcultas. De terra, quæ est immobilis, cum ignis et alia sint mobilia. Dicit tamen quidam doctor quod si terra moveretur et cælum quiesceret, quod hic esset melior disposition Sed hoc impugnatur propter diversitatem motuum in Cælo quæ non possent salvaro. »

1. Praeclarissima ac multum sublilia egregiaque scripta illuminait doc, F. Francisci de Mayronis, ordinis Minorum, in quatuor libros sententiarum, Ac quolibeta eiusdem. Cum tractatibus Formalitatum. Et de primo prlncipio. Insuper Explanationes divinorum terminorum, Et tractatus de Uniuocatione entis. Colophon : Venetiis Impensa heredum quondam domini Octaviani Scott Modoetiensis : ac Sociorum. 24. April. 1520. — Scripium in secundum Sententiarum, dist. XIV, quæst. V ; fol. 150, col. a.

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