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LES PETITS MOUVEMENTS DE LA TERRE

» Quatorzième et dernière conclusion. Admettons, comme beaucoup le disent, que les métaux, le cristal de roche et les autres pierres soient formés par la coagulation d’un mixte terrestre ou aqueux, et que cetjte coagulation soit provoquée par un froid très intense ou par un défaut de chaleur prolongé pendant très longtemps. Il est cependant possible que les minerais de ces métaux se rencontrent dans la première, dans la deuxième ou dans la troisième croûte de la terre habitable, bien qu’on n’y trouve ni pareil froid ni semblable défaut de chaleur ; ces minerais, en effet, ont pu demeurer très longtemps au centre ou près du centre. Et lors même que leur génération eût requis des vapeurs ou des gaz chauds (exhalatio fumosa vel vaporosa), ces minerais se pourraient toutefois remonter à de grandes profondeurs, alors qu’à ces profondeurs, il ne parvient guère de corps capables de fournir des gaz ou des vapeurs (exhalativa vel vaporativa) ; d’autres minerais, en effet, venant d’ailleurs, sont transportés en ce lieu. »

Telle est la doctrine géologique de Jean Buridan, tout entière déduite de ces trois propositions :

La terre étant hétérogène, son centre de gravité ne coïncide pas avec son centre de grandeur.

Le centre de gravité de la masse terrestre doit constamment coïncider avec le centre du Monde.

La surface de la mer est une surface sphérique concentrique au Monde.

Cette doctrine, Buridan y attachait certainement une grande importance ; en effet, il ne s’est pas contenté d’en donner l’exposé très complet que nous venons de traduire d’après ses Questions sur les Météores d’Aristote ; dans ses Questions sur le Traité du Ciel, il en donne une exposition moins étendue, mais cependant assez développée[1] ; en outre, dans ses Questions sur le Traité : De longitudine et brevitate vitæ, il se demande[2] comment la terre située au centre du Monde pourra cependant

1. Questiones super libris de celo et mundo magistri Johannïs Byridani rectoris Parisius, lib. II, quæst. VII : Consequenter queritur utrum tota terra sit habitabilis. (Bibliothèque Royale de Munich, ms. lat. n° 19.551, fol. 87, col. d et fol. 88, col. a.)

2. Questiones et decisiones physicales insignium virorum Alberti de Saxonia… Thimonis… Buridani in Aristotelis Très libros de anima. Lib. de sensu et sensato Librum de memoria et reminiscentia. Librum de Somno et Vigilia. Librum de longitudine et brevitate vitæ. Lib. de Iuventute et Senectute… Vænumdantur in ædibus Iodoci Badii Ascensii ubi coimpressæ sunt : & Conrad ! Resch. Parisius, 1516 et 1518. Questiones M. Io. Burida. de longitudine et brevitate vitæ ; quæst. II, fol. L, coll. a et b. — De ces qùestions, il existe un exemplaire manuscrit copié à Prague, en 1367, par Jean Krichpaum d’Ingolstadt (Bibliothèque Royale de Munich, ms. lat. n° 4.376, fol. 100, col. d, à fol. 104, col. c).

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