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LES PETITS MOUVEMENTS DE LA TERRE

équilibre au centre du Monde. Nous allons reprendre notre citation au point où nous l’avions interrompue et la poursuivre jusqu’à la quatorzième et dernière conclusion.

« Cinquième conclusion. Il est nécessaire que, toujours, la terre se meuve, soit d’une manière continue, soit de temps en temps ; toujours et continuellement, en effet, les fleuves, en tombant à la mer, y charrient beaucoup de terre enlevée à l’hémisphère découvert ; cette terre tombe ensuite au fond de la mer. Si donc on supposait que la terre, prise dans son ensemble ne se meut pas, la moitié découverte, qu’[un plan passant par] le centre du Monde sépare de l’autre moitié, diminuerait et s’allégerait sans cesse, tandis que la moitié couverte croîtrait et s’alourdirait ; le centre du Monde ne resterait donc pas centre de gravité de la terre, ce que nous regardons comme faux. Il est donc faux que la terre, prise en son ensemble, ne se meuve pas. Partant, pour que le centre de gravité de la terre se fasse sans cesse centre du Monde, ceci doit être : Autant la moitié couverte s’accroît et s’alourdit, autant la terre entière se meut et s’élève du côté découvert qui s’est allégé.

» Sixième conclusion. De ce qui précède, il résulte que les parties de la terre qui sont, à présent, au fond de l’Océan, viendront un jour au centre du Monde et que les parties qui sont au centre viendront à la surface externe de la terre découverte. Il faut qu’il en soit ainsi puisque le continuel écoulement de parties terrestres du continent vers le fond de la mer transporte sans cesse de la terre de la partie découverte vers la partie opposée.

» On tient ainsi le moyen par lequel les parties de la terre qui sont au centre ou au voisinage du centre peuvent néanmoins être détruites ; en effet, lorsqu’elles arriveront à la surface, elfes se trouveront mises au contact d’agents qui leur sont contraires et les peuvent détruire.

» Septième conclusion, qui découle de la précédente. Supposons que les montagens élevées soient détruites et que leurs débris remplissent les vallées ; il se produira de nouveau des montagnes aussi élevées que celles qui existent à présent. La nécessité et le mode de cette formation sont les suivants : Aux divers endroits, la terre présente des dispositions très différentes ; ici, elle est argileuse, là, sablonneuse, là encore, pierreuse ; en un lieu, elle est plus solide et difficile à diviser ; ailleurs, au contraire, plus fragile et plus divisible. Tandis donc que la terre, comme il a été dit, se soulève sans cesse du côté