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LES PETITS MOUVEMENTS DE LA TERRE

séparée, redescendra dans cette même matière au sein de laquelle elle était précédemment descendue.

» On peut dire aussi, comme il est dit au second livre De la génération et de la corruption, que les choses dont la substance a péri ne reviendront pas numériquement les mêmes.

» Aussi est-il dit au premire livre de l’Opus quadripartitum[1] que le retour à un même premier état de ce qui est au ciel et de tout ce qui est en la terre ne se peut produire ou bien que nul ne peut atteindre le temps au bout duquel il se produirait. »

Cette réflexion de Ptolémée n’est pas citée par Pierre d’Abano comme propre à faire douter de l’existence même de la Grande Année ; le doute, semble-t-il, ne porte, à son gré, que sur un point : Les choses qui se produisent au terme d’une Grande Année sont-elles numériquement les mêmes que celles dont le début de cette Grande Année avait vu la naissance ? Ou bien, tout en étant de même espèce que celles-ci, celles-là en sont-elles numériquement différentes ? Entre les deux partis, les diverses écoles de la Philosophie antique s’étaient partagées[2], et le Médecin padouan n’ose pas faire un choix.

En revanche, il ne doute certainement pas que la marche des astres errants et des étoiles fixes ne soit la cause première des cataclysmes géologiques.

Aux actions des astres, que n’attribue-t-il pas ? Nous allons voir quel rôle il leur fait jouer dans la formation des fossiles.

Dans un de ses problèmes, Aristote parle des pétrifications ; il se demande pourquoi les sources chaudes sont plus volontiers pétrifiantes que les sources froides. Pierre commente ce problème[3] ; ce lui est occasion de parler de ses observations personnelles. « Il en est ainsi, dit-il, de la source dite fontaine d’Anténor, qui se trouve dans la ville d’Abano où je suis né (Sicut ex fonte Antenidoro Apono dicto, ex quo extiti oriundus) ; des eaux très chaudes y donnent naissance à des pierres blanchâtres, rugueuses et poreuses ; la quantité de ces pierres est déjà si grande qu’une petite colline en est résultée. »

  1. Claudii Ptolemæi Opus quadripartitum, lib. I, Cap. I (Claudii Ptolemæi Pelusiensis Alexandrini omnia quæ extant opera, præter Geographiam, quam non dissimili forma nuperrimè ædidimus : summa cura & diligentia castigata ab Erasmo Osualdo Schrekhenfuchsio, et ab eodem Isagoica in Almagestum præfatione, et fidelissimis in priores libros annotationibus illustrata, quemadmodum sequens pagina catalogo indicat. Basileæ. — In fine : Basileæ in officina Henrichi Petri. Mense Martio. Anna MDLI. p. 380, col. 6).
  2. Voir : Première partie, ch. Il, § X, t. I, pp. 66-85.
  3. Petri Aponensis Op. laud., particula XXIV, problema XI ; éd. cit., fol. 212, col. a et b.