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LA THÉORIE DES MARÉES

vite du mouvement diurne lorsqu’il est à l’auge que quand il se trouve à l’opposé de l’auge ; il semble que non ; car plus vite il se meut de son mouvement propre, plus lentement il se meut du mouvement diurne, puisque ces deux mouvements sont en sens contraires. Donc, etc.

» De même on peut douter qu’un astre influe davantage sur les choses d’ici-bas quand il est à l’auge ; il semble que non ; c’est par sa lumière, en effet, qu’il agit ; lors donc que son corps paraît plus petit, il en doit être de même de son influence.

» L’exemple tiré du Soleil semble prouver le contraire de ce qu’on en tire. Je dis, en effet, que la croissance des herbes ne provient pas de ce que le Soleil approche de l’auge, mais de ce qu’il approche du zénith de nos têtes.

» Enfin, cet auteur paraît mal dire lorsqu’il prétend que les eaux coulent à l’opposé de la Lune et qu’il se produit une intumescence de ce côté-là ; en effet, comme la Lune est, pour ainsi dire-, la mère des choses humides, il semble qu’il ne doive pas y avoir de gonflement de l’eau à l’opposé de la Lune, mais seulement dans la direction de la Lune. »

Sans doute, selon les théories astrologiques, il semble qu’il en devrait être ainsi ; mais en fait, il n’en est pas ainsi ; en opposant à leurs explications un démenti aussi flagrant, la nature met les astrologues dans un cruel embarras.


III

BRUNETTO LATINI. — PIERRE D’ABANO


Avant d’exposer la tentative faite par Robert Grosse-Teste pour résoudre cette embarassante question, nous allons, sur les marées, rapporter les propos de deux Italiens qui furent, successivement, hôtes de la France ; nous voulons parler de Brunetto Latini et de Pierre d’Abano ; ces propos ne seront que l’éçho des enseignements répandus autour de ces deux hommes.