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LES PETITS MOUVEMENTS DE LA TERRE

a regardés comme œuvre authentique du Stagirite sont délaissés d’un commun accord par tous les philosophes italiens qui ont commenté les Météores, par Gaëtan de Thiène dans ses Commentarii[1], par Pietro Pomponazzi (Pomponace, dans ses Doutes sur le quatrième livre des Météores[2], par Vicomercati dans ses Commentaires[3], par Luigi Boccaferri dans ses Leçons sur le quatrième livre des Météores[4].

Au xviie siècle, le petit traité De mineralibus fut communément regardé comme une œuvre d’Avicenne ; c’est sous le nom d’Avicenne qu’il fut inséré dans la Bibliotheca chimica de Manget et dans les Gebri regis Arabum opera.

De nos jours, M. de Mély a proposé de rejeter cette opinion et de reconnaître, dans le texte dont nous parlons, un fragment d’un écrit d’Aristote.

Sans doute, il ne pouvait être question de regarder ce traité comme une œuvre authentique et non remaniée du Stagirite ; à moins d’être de ces sots dont parle Bacon, on ne saurait mettre au compte d’Aristote les passages où l’on rapporte ce que les Arabes pensaient du fer employé par les Allemands, pour faire leurs épées. Tout ce qui porte la trace manifeste de l’influence arabe, tout ce qui se montre pénétré d’Alchimie, M. de Mély le regarde comme glose subrepticement introduite dans le texte et le retranche. Une fois ces retranchements opérés, ce qui reste lui paraît digne d’Aristote.

On peut, croyons-nous, objecter à M. de Mély que les suppressions qu’il pratique sont bien étendues et, surtout, bien arbitraires. Il est tel de ces passages abandonnés qui se soude fort bien au contexte ; s’il est regardé comme glose, c’est uniquement parce qu’il ne saurait être d’Aristote et qu’on est convenu d’avance d’attribuer le traité au Stagirite.

Encore est-il que les coupures faites par M. de Mély semblent insuffisantes, si l’on ne veut rien laisser subsister qui n’ait pu

1. Gaïetanus super Metheo… Colophon : Opuscula hec impressa fuerunt Uenetiis nutu ac impendio heredum quondam nobilis viri domini Octaviani Scoti civis Modoetiensis : ac sociorum. Anno salutis 1522. Die 20 Novembres.

2. Petri Pomponatii Mantuani philosophi clarissimt, Dubitationes in quartum Meteorologicorum Aristotelis Ubrum, nunc recens in lucem editae… Venetiis, apud Franciscum Francisci, 1563.

3. Francisci Vicomercati Mediolanensis In quatuor libros Aristotelis Meteorologicorum Commentarii… Venetiis, Apud Hieronymum Scotum. MDLXV.

4. Ludovici Buccaferrei Bononiensis, philosophi clarissimi, Lectiones, In quartum Meteororum Aristotelis Librum ; Nunc primum in lucem éditas. Uenetiis, Apud Franciscum de Frandscis Senensem. MDLXIII,

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