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LES PETITS MOUVEMENTS DE LA TERRE

libro metheororum, Nous savons, en effet, qu’Alfred de Sereshel l’avait adjoint à ce quatrième livre des Météores, et c’est ainsi que nous le présente le manuscrit du xiiie siècle d’où M. de Mély l’a extrait.

Le traité qu’Albert le Grand dit être d’Avicenne se termine par un chapitre De la cause des montagnes dont, tout à l’heure, nous dirons l’intérêt. Ce chapitre a passé tout entier, lui aussi, au Speculum naturale ; il est inséré d’un seul bloc au sixième livre de cet ouvrage dont, sous ce titre : De montibus et causis eorum, il forme le vingtième chapitre. Vincent ne le donne plus comme extrait du quatrième livre des Météores, mais d’un traité qu’il intitule De natura rerum ; or cette indication est, de la part de l’Évêque de Beauvais, erreur manifeste, car l’ouvrage qu’il nomme De natura rerum est sans cesse celui qu’Albert le Grand appelait De causis proprietatum elementorum, que le Moyen-Age, en l’attribuant au Stagirite, désignait, plus brièvement par ce titre : Liber de elementis.

C’est également Aristote qui est, pour Barthélemy l’Anglais, l’auteur du fragment ajouté au quatrième livre des Météores par Alfred de Sereshel.

Dans son chapitre Du sable, il cite[1] le passage qui commence par : Terra pura lapis non fit comme écrit par Aristote au quatrième livre des Météores, Il reproduit la même mention[2] dans son chapitre Sur l’argile en citant le passage qui débute par ces mots : Lutum unctuosum.

Le chapitre où Le propriétaire des choses traite Des montagnes[3] cite d’abord quelques phrases dites par Aristote au livre De proprietatibus elementorum. Puis il poursuit : « Aristote dit également, au Livre des météores… » Or, ce qu’annonce cette mention, c’est un résumé de ce que l’addition faite par Alfred de Sereshel traite en son dernier chapitre : De causis montium.

Cette addition, Barthélemy l’Anglais et Vincent de Beauvais sont seuls assez sots (selon le mot de Bacon) pour la prendre comme authentique expression de la pensée d’Aristote ; à part ces deux auteurs, les plus naïfs émettent au moins un doute au sujet de cette authenticité.

De naïveté en matière de critique de texte, il n’en est guère

  1. Bartholomæi Anglici De proprietatibus rerum, lib. XVI : De lapidibus preciosis ; cap. I : De arena.
  2. Bartholomæi Anglici Op. laud., lib. XVI, cap. II : De argilla.
  3. Bartholomæi Anglici Op. laud., lib. XIV : De terra et partibus ejus ; cap. II ; De monte.