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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

l’autorité du passage placé à la fin de la traduction du quatrième livre des Météores, bien que ce qu’ils soutiennent soit la vérité. Ils disent qu’il est écrit en cet endroit : Sciant artifices Alkimiæ species rerum transmutari non posse, et ils donnent cette phrase comme si elle était parole d’Aristote. Mais rien n’est de lui, à partir du commencement de ce chapitre : Terra pura lapis non fit. Tout cela a été ajouté ab Alveredo. »

Cet Alveredus dont parle Bacon, c’est un Anglais, Alfred de Sereshel, qui, à la traduction du quatrième livre des Météores, faite par Henri Artistippe († 1162), ajouta, au commencement du xiiie siècle, le fragment dont parle Bacon et qu’il avait traduit d’Avicenne.

Vincent de Beauvais était sans doute mis par Roger Bacon au nombre de ces sots qui croyaient d’Aristote le chapitre inauguré par les mots : Terra pura lapis non fit. En effet, tout ce que le Speculum naturale contient d’intéressant au sujet de la Géologie est emprunté au traité Des minéraux qu’Albert le Grand disait être d’Avicenne et Roger Bacon d’Alfred de Sereshel ; Vincent le Bourguignon, lui, met ce traité au compte d’Aristote. Les deux chapitres qui forment le fragment publié par M. de Mély sont éparpillés en diverses parties de deux livres distincts du Miroir de la Nature, et ils y sont donnés comme s’ils provenaient de deux écrits différents.

La première partie du traité Des minéraux se retrouve tout entière, disséminée en différents chapitres du septième livre de Vincent de Beauvais1 ; ce livre est, d’ailleurs, entièrement consacré à la science des pierres et des métaux ; c’est notamment, au quatre-vingtième chapitre de ce livre qu’est inséré le curieux passage où Avicenne traite de la pétrification des animaux, passage dont nous parlerons dans un moment.

Ce n’est pas Avicenne, mais bien Aristote que Vincent de Beauvais donne pour auteur au chapitre dont il disperse les fragments au long de son septième livre ; chacun de ces fragments, en effet, y est précédé de cette mention : Ex quarto 1. Au lib. VII du Spéculum naturale, le cap. II : De quatuor corporum speciebus reproduit le fragment publié par M. de Mély, depuis le commencement : Corpora mineralia…, jusqu’à : nisi per ingénia naturalia (loc. cit., p. 185). — Le cap. LXXII : De sale harmoniaco reproduit la suite, depuis : Alumen autem…, jusqu’à : coagulatum ex siccitaie (loc. cit., p. 186). — Lé cap. LXXIX : De naturali générations lapidum mineralium donne ce qui vient après, depuis : Terra pura lapis non fit…, jusqu’à : quæ liguefaciunt eeriissime (loc. cit., p. 187. — Enfin, le cap. LXXX : Iterum de generatione lapidum et corporum mineralium, poursuit depuis : Fiunt ergolapides…, jusqu’aux mots : per magnum temporis spatium, qui terminent (loc. cit., p. 188) le premier chapitre du fragment publié par M. de Mély.