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LES PETITS MOUVEMENTS DE LA TERRE

qui croient au changement de position des mers à la surface du globe. Or, au commencement de ce livre, nous avons réfuté le discours de ces derniers et ruiné leur opinion à l’aide de démonstrations manifestes. Revenons, cependant, à ceux qui tiennent un tel discours…

» Supposons qu’au début, la terre ait été un corps parfaitement sphérique et parfaitement lisse, qu’il ne s’y soit rencontré ni vallée ni montagne ; il était alors nécessaire que la masse terrestre fût recouverte par la masse des eaux et que celle-ci la revêtit d’une couche d’épaisseur uniforme ; dès lors, l’eau qui tombait en pluie du haut de l’air, tombait à la surface de la couche d’eau qui recouvrait la terre ; » cette pluie ne pouvait donc aucunement creuser le sol.

Invoquera-t-on l’action du vent, qui eût agité cette couche d’eau répandue à la surface de la terre ? Les mouvements de cette eau eussent alors pu déniveler le soi qu’elle recouvrait. « Mais le vent n’est qu’une vapeur émise par la terre sèche ; » il ne pouvait donc y avoir de vent alors que les eaux de la mer submergeaient toute la terre,

Ainsi se trouve réfutée l’opinion de ceux au gré desquels la terre, à l’origine, ne présentait ni vallées ni montagnes, au gré desquels les eaux ont, à elles seules, sculpté toutes les inégalités de la surface du sol.

Le Livre des éléments paraît donc condamner comme insuffisante la Géologie purement neptunienne qu’avaient professée les Frères de la Pureté. Sans doute voulait-il que le feu eût, à côté de l’eàu, joué son rôle dans la sculpture de la face de la terre ; c’est aussi ce que soutiendra le traité, attribué au philosophe Avicenne, dont nous allons parler.


VI
LA GÉOLOGIE DES ARABES (suite),
LE TRAITÉ DES MINÉRAUX ATTRIBUÉ À AVICENNE


Aristote avait-il écrit un Traité des minéraux ? Cette question fut agitée de tout temps, mais elle ne fut jamais résolue.

À la suite de la paraphrase qu’il a composée sur les Météores du Stagirite, Albert le Grand a donné un traité De mineralibus.