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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE


III
LA GÉOLOGIE DES ANCIENS APRÈS THÉOPHRASTE. STRATON
DE LAMPSAQUE. ÉRATOSTHÈNE. STRABON. OVIDE. OLYMPIODORE


Le témoignage de Théophraste, conservé par le traité Du Monde qu’on attribue à Philon, nous a montré quel intérêt les disciples immédiats d’Aristote accordaient aux choses de la Géologie ; après la mort de Théophraste, cet intérêt ne disparut pas de l’École péripatéticienne ; Straton de Lampsaque s’efïorçait d’expliquer la disparition des mers dont les coquilles fossiles prouvent l’antique existence. Ce problème préoccupa également Ératosthène qui reçut comme satisfaisante l’explication de Straton. Désireux de faire prévaloir une autre théorie, Strabon nous a conservé le souvenir des opinions proposées par Straton de Lampsaque et par Ératosthène.

« Ératosthène, écrit Strabon[1], déclare qu’il est surtout une observation propre à poser une grave question : Comment se peut-il qu’en des lieux qui se trouvent au milieu des terres, et que deux ou trois mille stades séparent de la mer, on rencontre, en maint endroit, une foule de coquilles, d’huîtres et de chéramydes, de même que des lacs stagnants dont l’eau est salée. Ainsi, dit-il, autour du temple d’Ammon, et au voisinage de la route qui y conduit, laquelle est longue de trois mille stades, on rencontre une grande quantité d’huîtres éparses sur le sol ; on y trouve aussi beaucoup de sel ; des exhalaisons marines montent du sol ; on y montre des épaves de navires qui ont été brisés en mer ; on raconte que ces épaves ont été apportées et rejetées par le mouvement de la mer…

» Ératosthène approuve l’avis du physicien Straton, et aussi de Xanthus de Lydie. »

Quelles observations avait faites Xanthus de Lydie, nous l’avons dit tout à l’heure[2] d’après ce texte de Strabon ; demandons-lui maintenant ce qu’enseignait Straton de Lampsaque.

Plus que Xanthus, « Straton s’efforce de se rapprocher de la

  1. Strabon, Géographie, livre I, ch. III, § 4.
  2. Voir p. 238.