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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

Martianus Capella et à Macrobe, mais qui, en fait, était admis par Guillaume d’Auvergne, il doit y avoir, dans un mois lunaire, une seule vive eau au moment de la pleine lune, une seule morte eau au moment de la nouvelle lune ; Guillaume avait clairement indiqué ce corollaire correctement déduit de son hypothèse, mais inexact. Notre compilateur, au contraire, lui substitue une loi conforme à l’observation

« Pendant que la Lune croît, voici de quelle façon se comporte l’Océan : Le premier jour de l’accroissement de la Lune, il se produit un flux plus copieux que de coutume ; le flux atteint alors son maximum d’abondance ; mais le second jour, il diminue et descend ainsi jusqu’au septième jour ; puis il croît pendant sept jours, en sorte qu’au quatorzième jour il atteint de nouveau son maximum de plénitude ; la mer atteint donc toujours sa plus grande plénitude à la pleine lune et aussi à la nouvelle lune. » Bathélemy, qui cite souvent Bède, a pu lui emprunter cette connaissance exacte de la période mensuelle des marées.

Vincent de Beauvais traite de la marée avec grand désordre en deux endroits de son Miroir de la Nature. Il commence[1] par reproduire fort exactement l’opinion de Guillaume de Couches sur la période mensuelle de la marée. C’est quatre chapitres plus loin[2] que nous trouvons la théorie du même auteur sur les flux et les reflux de chaque jour ; Vincent y joint un fragment qu’il emprunte à Isidore de Séville, un autre qu’il tient de Pline, un troisième qu’il tire du De imagine mundi. Le chapitre suivant[3] résume l’exposition d’Abou Masar.

D’autres maîtres, au xiiie siècle, lorsqu’ils voulaient être informés du phénomène des marées et en informer leurs disciples, se contentaient de lire et de résumer ce qu’Albert le Grand en avait écrit.

Parmi les Quolibets collectivement réunis sous les deux noms d’Henri de Bruxelles et d’Henri l’Allemand[4], se trouve une question relative au flux et au reflux de la mer. Une série de ces questions commence, en effet, en ces termes[5] :

« Questiones fuerunt fade primo ; plures quidem erant circa[6] corpora elementaria, et fuerunt due.

1. Vincentii Burgondi episcopi Belloracensis Spéculum naturalet liv. V » cap. XIV.

2. Vincentii Burgondi Op. land., lib. V, cap. XVIII.

3. Vincentii Burgondi Op. land., lib. V, cap. XIX.

4. Voir : Quatrième partie, ch. VII, § II, t. VI, p. 537-538.

5. Bibliothèque Nationale, fonds latin, ms. n° 16089, fol. 55, col. b.

6. Le texte porte î Contra.

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