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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

trionem : Quod aliquis ambularet ab aliquo loco versus septentrionem tamdiu quant polus esset sibi elevatus plus uno gradu quant ante, et tune mensuraret spatium pertransitum ; hoc facto, rediret ad locum pristinum, et ab eodem loco ambularet versus meridiem, tamdiu quant polus esset sibi elevatus minus uno gradu quant erat in loco signato a quo ambulavit, et iterum mensuret illud spatiiim pertransitum ; tune si ilia spacia ihvenirentur æqualia, signum esset rotunditatis terræ inter Septentrionem et meridiem ; si autem non invenirentur æqualia, signum esset quod terra non esset rotunda inter septentrionem et meridiem. »

Dans la mesure de la longueur qu’occupe, sur la terre, l’arc qui correspond à une variation d’un degré dans la latitude, les Anciens avaient découvert le moyen de mesurer la grandeur de la terre supposée sphérique ; mais que la mesure d’un degré du méridien, répétée sous diverses latitudes, pût servir à déterminer la forme réelle du globe, c’est une idée qui ne semble pas s’être présentée à l’esprit des astronomes de l’Antiquité[1]. Cette mesure de l’arc d’un degré sous divers climats est le problème capital de la Géodésie ; pour voir les observateurs s’efforcer d’en donner la solution, il sera nécessaire d’attendre le xviie siècle ; mais il est intéressant de remarquer que, dès l’année 1368, dans ses Subtilissimæ quæstiones in libros de Cælo et Mundo, Albert de Saxe en formulait l’énoncé précis.

Venons à l’explication mécanique de la sphéricité de la terre, qu’Albert donne à l’imitation d’Aristote :

« La terre est ronde, dit-il[2], à ce point que, par rapport à la terre entière, les élévations des montagnes sont petites et comme négligeables. On le prouve, en premier lieu, parce que les graves, tombant sur un sol qui ne soit point celui d’une montagne ni d’une vallée, y tombent à angles égaux [normalement]. Cela n’aurait point lieu si les graves ne tendaient pas au même centre ; et comme toutes les parties de la terre sont graves, il en résulte qu’elles tendent toutes au même centre. Cela ne serait pas si la terre n’était pas ronde ou ne tendait pas naturellement à la rondeur.

» En second lieu, les parties de la terre tendent toutes également vers le centre du Monde ; elles descendent aux lieux les plus bas, à moins qu’elles ne se soutiennent l’une l’autre, comme

1. Paul Tannery, Recherches sur l’Histoire de l’Astronomie ancienne. (Mémoires de la Société des Sciences physiques et naturelles de Bordeaux, 4e série, t. I, p. 104 ; 1893.)

2. Albert de Saxe, loc. cit.

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