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L’ÉQUILIBRE DE LA TERRE ET DES MERS. — II

Voici d’abord ce qu’il écrit dans son Traicté de la sphère[1], au premier chapitre intitulé : De la figure du Monde et de ses parties principales :

« Après la terre est l’eau, ou la mer ; mais elle ne couvre pas toute la terre ; car aulcune partie de la terre n’est pas de si pesante nature comme l’aultre. Ainsi comme nous voions que estaing ne poise pas tant comme plomb. Et pource, la partie moins pesante est plus haulte et plus loing du centre ; et descouverte d’eau ; afïin que les b estes y puissent vivre, et est ainsi comme la face et le visaige de la terre, tout descouvert ; fors que parmy ya aulcunes petites mers, braz de mer et fleuves ; et tout le demourant est ainsi comme enchapperonné, vestu, et affublé de la grant mer. »

Dans son commentaire français « au livre d’Aristote appellé du Ciel et du Monde » Oresme développe la doctrine[2] que son Traicté de la sphère s’était contenté d’esquisser. C’est au second livre de son ouvrage que l’auteur nous donne cet exposé. « Ou XXXe chapitre, il monstre que la terre est de figure spérique par II raisons naturèles. » — « Ou XXXIe chapitre, il preuve encore que la terre est spérique par quatre raisons de Astrologie. » Puis il poursuit en ces termes :

« En ces II chapitres, oultre ce que dit est, sont aucunes chouses plésentes à considérer.

» Et première dire de la pesanteur de la terre ou regart du centre…

» Quant au premier point, je di que, en ces propos, III centres sont à considérer, c’est assavoir le centre du Munde, le centre de la quantité de la terre et le centre de la pesanteur. Mes si elle estoit, vers une partie, de pur or, et vers l’autre fust mixtionné de plus légier métal, le centre et le milieu de sa pesanteur ne seroient pas le centre de sa quantité ; ce centre de sa pesanteur, et ce seroit le centre du Munde. »

Sans doute, le copiste a omis ici de reproduire une phrase où Oresme déclarait que, pour une terre homogène, les deux centres de quantité et de pesanteur coïncideraient entre eux et avec le centre de l’Univers ; cette phrase préparait ce qui suit :

1. Traicté de la sphère, translaté de latin en françois par Maistre Nicole Oresme, très docte et renommé philosophe. On le vent à Paris en la rue Judas chez Maistre Simon du Bois imprimeur. In fine : Imprimé à Paris par Maistre Simon du Bois. s. d.

2. Nicole Oresme, Le livre d’Aristote appellé du Ciel et du Monde. Livre II. « Glouse » faisant suite aux chapitres XXX et XXXI, Bibliothèque Nationale, fonds français, n° 1.083, fol. 94, col. c et d.

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