troisième opinion, qui me semble probable et qui, perpétuellement, sauve toutes les apparences. Selon cette opinion, la terre et l’eau sont toutes deux concentriques au Monde. Par nature, la terre tout entière est ramassée autour du centre du Monde ; par nature aussi l’eau coule au lieu qui se trouve le plus bas par rapport au centre du Monde ; mais une grande quantité d’eau se trouve dans les entrailles de la terre et une autre grande quantité d’eau se trouve, par évaporation, mêlée à l’air ; il n’y aurait donc pas, dans la mer, assez d’eau pour dépasser les éminences de la terre. »
Ce langage ressemble fort à celui d’Andalò di Negro.
Cette opinion, qui « semble probable » au philosophe de Béthune, est-elle celle qui ravit son assentiment définitif ? Non pas, il en est une autre qu’il préfère ; il l’expose dans les Questions sur le Traité du Ciel[1] et, avec plus de précision et plus de détails, dans ses Questions sur les Météores. Présentons-là d’après ce dernier ouvrage[2].
« Nous allons, dit notre auteur, poser des conclusions qui découleront les unes des autres.
» Première conclusion. Toutes choses égales d’ailleurs, et sous le même volume, la terre que l’eau recouvre est plus grave que la terre découverte ; le Soleil, en effet, échauffe davantage la terre découverte ; comme nous l’avons dit précédemment, celle-ci devient plus poreuse, elle participe davantage de l’air qui se trouve dans ses pores ou qui lui est mêlé, et aussi des gaz (subtilis exhalatio).
» Seconde conclusion. Le centre de gravité de la terre n’est pas le même point que le centre de grandeur. Nous parlons ici de la masse totale de la terre.
» Cette conclusion résulte de la précédente. Admettons, en effet, qu’une moitié du volume terrestre se trouve sous la mer, tandis que l’autre moitié est constamment découverte ; imaginons le grand cercle qui partage la terre en ces deux hémisphères ; il est certain que le centre de grandeur de la terre, c’est le centre de ce cercle, car, par hypothèse, il y a, de part et d’autre de ce cercle, même volume ; mais le centre de gravité ne se trouve pas dans le plan de ce cercle ; le centre de gravité,
1. Johannis Buridani Op. laud., lib. II, quæst. VII ; ms. cit., fol. 88, col. a.
2. Questiones super 1res primos libros metheororum et super majorem partent quarti a magistro Jo. Buridam, lib. I, quæst. XXI : Utrum possibile est naturalité ? tantos montes quanti maximi apparent nobis destrui et reverti ad planiciem. (Bibl. Nat., fonds latin, ms. n° 14.723, fol. 203, col. a et b).