l’aréomètre. Ce petit traité, dont nous avons précédemment parlé[1], est très certainement une relique de la science hellène. Or le premier postulat qu’il invoque est ainsi formulé :
« Nul corps n’est lourd en lui-même ; ainsi l’eau n’est d’aucun poids dans l’eau, ni l’huile dans l’huile, ni l’air dans l’air. »
La pensée de Héron d’Alexandrie devient le principe d’où se tirent les propositions qu’on met, sans doute à juste titre, au compte d’Archimède.
Thémistius soutient fermement[2], contre Aristote, qu’aucun élément n’est ni pesant, ni léger, dans cette région qui constitue sa sphère, qu’Aristote nomme son espace αὐτοῦ χώρα, et il en donne clairement la raison ; c’est qu’à son avis, cet espace est le lieu propre de l’élément, αὐτοῦ τόπος.
« Dans leurs lieux propres, dit-il, les éléments ne sont doués ni de pesanteur ni de légèreté. Sinon, ils ne se mouvraient pas naturellement vers leurs lieux propres, ils ne reposeraient pas naturellement en ces lieux, mais ils posséderaient naturellement le mouvement qui les écarte de ces lieux… Le mouvement propre d’un corps, en effet, c’est celui qui l’incline naturellement à venir résider en son lieu. C’est pour cette raison que nous disons de la terre, placée dans l’air, qu’elle possède naturellement le mouvement vers le bas ; c’est par ce qu’elle incline vers ce lieu ; de même disons-nous que le feu, partant de terre, se meut [naturellement] vers le haut parce qu’il incline à ce lieu. Mais si un élément qui réside en son lieu propre était encore le siège d’une inclination, cette inclination lui donnerait poids ; il ne tiendrait plus alors de la nature la propriété de se mouvoir vers son lieu propre, mais bien de se mouvoir, à partir de ce lieu propre, vers le lieu auquel il incline, c’est-à-dire vers le bas ; car les corps qui [en leurs lieux propres] seront doués de gravité, inclineront vers le bas ; et on pourra raisonner semblablement de ceux qui auront légèreté. Les éléments posséderont donc naturellement la propriété non point de rester en repos dans leurs lieux propres, non point de se mouvoir vers ces lieux, mais de se mouvoir au sein de leurs lieux propres, et de se mouvoir pour les quitter. »
- ↑ Voir : Cinquième partie, ch. X, § VI ; t. VIII, pp. 212-213.
- ↑ Themistii Peripatetici lucidissimi Paraphrasis In Libros Quatuor Aristotelis de Cælo… Moyse Alatino Hebraeo Spoletino… Interprete. Venetiis, apud Simonem Galignanum de Karera, MDLXXIIII. Lib. IV. Fol. 62, vo, et fol. 63, ro. — Themistii In libros Aristotelis de Cælo paraphrasis Hebraice et Latine. Ed. Samuel Landauer. Berolini, MCMII. Lib. IV, cap. IV, pp. 233-234.