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LA THÉORIE DES MARÉES

Ajoutons une dernière remarque dont la suite de cette histoire nous prouvera souvent la justesse. Ceux qui voulaient, à l’exemple des astrologues, expliquer par l’action lunaire les diverses particularités de la marée, se trouvaient fort embarrassés par ces deux circonstances :

Premièrement, la Lune, en un lieu donné, détermine la haute mer aussi bien lorsqu’elle franchit la partie du méridien qui passe au-dessus de ce lieu que celle qui passe au-dessous et domine l’autre côté de la terre.

Secondement, la vive-eau se produit aussi bien à la nouvelle lune qu’à la pleine lune.

Pour rendre compte de ces particularités, nous verrons se multiplier les tentatives, qui demeureront infructueuses jusqu’au jour où Newton donnera le principe de la véritable solution.


II
ALBERT LE GRAND. BARTHÉLEMY L’ANGLAIS. VINCENT DE BEAUVAIS. SAINT THOMAS D’AQUIN. UN OPUSCULE CITÉ PAR FIRMIN DE BELLEVAL


Guillaume d’Auvergne avait demandé à Albumasar de l’instruire des phénomènes de la marée ; c’est également d’Albumasar qu’Albert le Grand tient presque tout ce qu’il dit du flux et du reflux ; l’exposition de l’astrologue arabe se retrouve presque en entier dans les cinq chapitres où, commentant le Liber de proprietatibus elementorum faussement attribué à Aristote[1], Albert développe sa théorie des marées.

Nous n’analyserons pas les longues digressions, dans lesquelles notre auteur se contente de répéter ce qu’Abou Masar avait dit ; nous nous arrêterons seulement aux passages où se reconnaît quelque originalité.,

« Pour traiter du flux et du reflux de la mer, dit-il au début de son exposition[2], il nous faut poser d’abord quelques préliminaires qui importent à la connaissance de ce phénomène.

1. Alberti Magni Ratisponensis episcopi Lfôer de causis proprietatum elemerr torum, tract. II, cap. IV, ad cap. VIII.

2. Alberti Magni Op. laud., tract. Il, cap. IV : Et est digressio dedarans quæ prænotanda sunt ad sciendum accessum et recessum maris.

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