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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

de l’éclipse ; on trouvç que ce diamètre est celui de la sphère dont la terre ferme fait partie.

En raisonnant ainsi, notre auteur oublie que, selon la méthode de Ptolémée, aussi bien que selon la méthode d’Aristarque de Samos, c’est l’étude des éclipses qui fournit la grandeur du cône d’ombre de la terre là où la Lune le traverse et, par conséquent, que l’égalité à laquelle il prétend arriver au terme de son calcul est un des postulats que réclame la justesse de ce calcul. Cet oubli nous montre, ce que nous savions déjà d’ailleurs, qu’Andalò Di Negro n’a, des doctrines astronomiques, qu’une connaissance extrêmement superficielle et fort peu exacte.


X
L’EXPLICATION FINALISTE. FRANÇOIS DE MAYRONNES.
NICOLAS DE LYRE. CECCO D’ASCOLI


Gilles de Rome s’était vivement élevé contre ceux qui, pour rendre compte de la perpétuelle émergence de la terre ferme au-dessus des mers, se contentaient d’un décret rendu par Dieu en vue de l’existence des plantes aériennes, des animaux à sang chaud, de l’homme enfin. Ce recours à un miracle continuel ne lui paraissait pas sensé. Il demeura cependant, aux, yeux de beaucoup, une suffisante explication.

Nous savons qu’en 1617, le capucin Francisco Piligiani publia, en les attribuant à Duns Scot, des Questions sur la Physique[1] qui étaient de Marsile d’Inghen et qu’on avait, depuis près d’un siècle, imprimées sous le nom de leur véritable auteur. Ces Questions accompagnaient une Exposition qui, très certainement, n’était pas du même auteur ; le texte attribue cette exposition à Jean de Duns Scot, et rien n’empêche de regarder cette attribution comme exacte. Or, pour expliquer comment l’eau ne recouvre pas la sphère terrestre en entier, l’auteur de cette Exposition se contente de dire[2] : « Si tous les éléments étaient symétriquement distribués, la terre entière serait couverte d’eau ; en fait, actuellement, une partie de la terre est découverte en vue du salut des êtres vivants. »

  1. Jo. Duns Scoti Doctor Subtilis, in VIII lib. Physicorum Aristotelis Quœstiones et Expositio. Venetiis, MDCXVII, apud Joannem Guerilium.
  2. Joannis Duns Scoti Op. laud., p. 382.