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L’ÉQUILIBRE DE LA TERRE ET DES MERS. — I


VI
LES TRAITÉS DE LA SPHÈRE. — JOANNES DE SACRO-BOSCO.

BRUNETTO LATINI. MICHEL SCOT. CAMPANUS DE NOVARE.

ROBERT L’ANGLAIS. BERNARD DE TRILLE


Les astronomes n’avaient pas, au même degré que les philosophes, le souci de savoir quelle fut la véritable pensée d’Aristote ; aussi les Traités de la sphère, où ils ont examiné le problème de l’équilibre de la terre et des mers, nous présentent-ils des solutions très libres et très variées.

Joannes de Sacro-Bosco écrit, presque au début de son Traité de la sphère[1] :

« La machine universelle du Monde se divise en deux régions, la région de l’éther et la région des éléments.

» La région des éléments, qui est sujette à une altération continuelle, se divise à son tour en quatre parties. La terre est comme le centre du Monde ; elle est située au milieu de toutes choses. Autour de la terre est l’eau ; autour de l’eau est l’air ; autour de l’air, est ce feu pur et exempt de trouble qui, comme le dit Aristote au livre des Météores, atteint l’orbe de la Lune. C’est ainsi, en effet, que le Dieu glorieux et sublime a disposé ces choses…

» Chacun des trois derniers éléments entoure la terre sous forme d’une couche sphérique (orbiculariter) sauf là où la sécheresse de la terre met obstacle à l’humidité de l’eau, afin de conserver la vie des êtres animés. »

Après avoir prouvé par l’observation que la terre est ronde et déclaré de nouveau qu’èlle est située au milieu du Monde, Joannes de Sacro-Bosco donne la raison suivante de son immobilité :

« Que la terre, qui est grave au plus haut degré, demeure immobile au milieu de toutes choses, sa gravité même, semblet-il, nous en persuade de la manière que voici :

» Tout grave tend naturellement au centre ; le centre est le point situé au milieu du firmament ; la terre, donc, qui est grave au plus haut degré, tend naturellement vers ce point ». Il est donc certain qu’au gré de Joannes de Sacro-Bosco, la terre est une sphère dont le centre coïncide avec le centre du

  1. Joannis de Sacro-Bosco Tractatus de Sphæra, cap. I.