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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

LA CRLE DK J ?AR1STOTI ::LiSME

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« Ce maudit Averroès, dans sa fiction sur le troisième livre l’Ame, qui n’est intelligible ni pour lui ni pour les autres, admet que rintelligence est une certaine substance séparer qui se peut cou joindre à nous par 1rs reprêsentatious de l’imagination ; mais cette conjonction, ni lui ni aucun de ceux qui ont pris sa suite n’a pu jusqu’ici l’expliquer Licet ille maledictus Averrois in /iclione sua de Anima, ’/tue tamen non est mtcUigibilis nec sibi nec aliis,ponat intellectam esse quamtlam substanliani separatam, medianlibus fantasmalibus nobis conjungibilem ; </uam conjunctionem nec ipse nec aliquis set/na.r ejas adhtic potuif explicarc. » Essayons, cependant, d’exposer cette doctrine.

Au commencement de sa Lettre sur / union, de L Intelligence séparée avec l’homme Averroès formule nettement les deux problèmes qui doivent surtout, en cette lettre, retenir son attention ; ce sont ers mêmes problèmes qn examinera, d une manière plus détaillée et plus systématique, son commentaire au troisième livre du ilîci i’J'/À ; ’■

1. Dans ht dédicace de sa traduction «le I7i/jis/oZ<7 *7e twitu’luw’ intcdlec/us huma ni cum ho/ninet Gain Calonymos émet l’hvpolhèsr que celte lettre est postérieure aux commentaires d’Averroès et 1rs complète. Nous pensons, au contraire, qu’elle est une œuvre de jeunesse du Philosophe «le Cordouc ; la théorie de l’intrl ligencc que développent les commentaires au Ikût ne se trouve, en cette lettre, qu’à l’étal d ébauche à peine distincte. Dans scs commentaires au ïk^t Sj/jç ; (lib. III, somma J, cap, cumin. ü), Averroès nous apprenti qu’il avait auparavant donné une exposition de l’EpZsftda continuaiionis intellccius cum hmnine coin posée par Ibn Bâdja ; r£/noZ« de connewiane d’A verrues ne saurait être identifiée avec celte exposition de la lettre d’Avempacc : le nom de Cet auteur n’est point prononcé par la lettre d’Avendes ; cette lettre ne fait aucune mention de la ihéarie proposée par 11m Bàdja ; elle est, sans doute, antérieure au temps où Ibn Rochd a lu (4 commenté co/ïhnaaiionis ; lorsqu’il la composa, llm Rochd ne connaissait encore, sur rintelligence humaine, aucune doctrine plus récente que celle d’Al FArAbi

2. Dans ses J/r/^/zye.v de Philosonhie J ni ne et urnlte (pp. 44^4^) ? S+ Muiik expose la doctrine d’Averroès sur l’âme humaine à Paine d’extraits de deux ouvrages inédits. L’un est le /rtuté de Z’/rt/cZ/ecZ hylù/ue ou de Za possifti/ifé de la conjonction^ dont la version hébraïque est seule connue, L autre est le CoHï/HenZfH/’e inot/en sm* Ze traité de rA/ner dont on possède l’original arabe. Les doctrines contenues dans ces écrits diffèrent sensiblemenl de celles que nous allons exposer ; ce sont, croyons-notis, «les tentatives qu’lbn Hoc lui a tantôt complétées el modifiées, tantôt abandonnées, A la fin de sa du traité de l’Ame. il ajoute ce 7Jos/ serZp/um : « Ce que j’ai exposé ici sur r/nZeZ/ecZ Aÿ/Zywe, c’est mon opinion d’autrefois ; mais après avoir plus profondément étudié 1rs paroles d’Aristote, il ma semblé que I intellect hylique, considéré comme une substance recevant une faculté, ne saurait être, sous aucun rapport, une chose en acte, c’cst-à-dire une forme quelconque ; car s’il en était ainsi, il ne recevrait pas toutes les formes,.. C’est l’opinion professée d’abord par A hou Bckr ben al ÇAveg qui nous a induit en erreur. » « Il ajoute ensuite que celui qui veut connaître sa véritable opinion devra recourir à ses Coninientfiirea sur le traité de l Ame ; niais que, néanmoins, il na pas cru devoir supprimer ce qu’il avait dit dans la parce <]ue beaucoup de savants avaient déjà cité sa première opinion, et parce qu’il s’agit d’interpréter une opinion d’Aristote qui peut paraître douteuse » 7/>. laud.,