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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

est commune ; mais lorsqu’elle est prise avec des propriétés et des accidents déterminés, Teçhest singulière. Dès lors, en elle-même. Yéqtiinlié ti’cst ni commune ni singulière ; elle est seulement Yêquinité. »

Avicenne dit encore un peu plus loin :

« Répétons ce que nous avons dit au commencement de ce chapitre et reprenons-le pour l’éclaircir du ne autre manière. » Nous dirons donc : Il y a une chose sensible qui est Ihomme ou i animal pris avec sa matière et ses accidents ; c’est l’homme [ou l’animal existant dans la nature (naturalis). 11 y a une autre chose qui est l’homme ou l’animal considéré en lui-même et en tant qu’il est lui-même (considérai uni in seipso secundum hoc qitotl est insum) ; avec cet homme ou cet animal, on ne prend rien de ce qui s’v peut mêler ; il est pris sans condition de communauté ou de propriété, de multiplicité ou d’unité ; il n’est pas en acte et n’est pas, non plus, dans un certain rapport à l’égard de la puissance, rapport par lequel il serait quelque chose en puissance ; c’est l’animal en tant qu’animal ou T homme en tant qu’homme, c’est-à-dire l’animal ou l’homme considéré selon sa définition et sa notion (inleUeclum), sans acception de tout ce qui peut l’accompagner ; ce n’est rien que l’animal ou l’homme.

» Mais ranimai commun ou l’animal individuel ; l’animal en acte] ou l’animal pris selon ce rapport par lequel il existe en puissance ; ranimai considéré sous le rapport par lequel il existe au nombre des choses sensibles ou par lequel il existe intellectuellement dans l’esprit, c’est l’animal plus autre chose (animalcl aliud)’, ce n’est plus l’animal considéré seulement cil lui-même. >i Manifestement, là où l’animal se trouve ainsi avec autre chose qui n’est pas l’animal, l’animal est, dans ce tout, comme une partie ; on y pourra considérer 1 animal ou l’homme en lui-même, bien qu’il soit uni à quelque chose qni diffère de lui. Son essence, en effet, il la possède par lui-même ; mais être avec quelque chose d autre que lui-même, cela lui advient accidentellement, cela accompagne sa nature qui est, Y animalité ou lTmmuni/é. » Cette considération de l’animal en soi précède donc celle de l’animal individualisé par ses accidents ou de l’animal universel, de l’animal réalisé dans les choses sensibles ou de l’animal intelligible, à la façon dont le simple précède le composé, dont la partie précède le tout. Par cette manière d’être (kc hoc esse), l’homme ou l’animal n’est donc ni genre, ni espece, ni individu, ni un, ni multiple ; par cette manière d’être, il est seulement homme ou seulement animai. »