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LES SOURCES DU NÉO-PLATONISME ARABE

Commentant ce court passage, Alexandre d’Aphrodisias en a fait jaillit une doctrine précise et complète. Selon lui1 *, dans l’âme {le l’homme, Aristote a distingué trois intelligences.

Connaître, c’est, pour l ame, devenir actuellement identique à l’intelligible quelle comprend ; par son existence actuelle, donc, l’Ame est identique aux intelligibles ; elle n’en peut différer que par son existence en puissance. Il faut, dès lors, admettre qu’il y a en elle un principe purement en puissance, qui n’est rien en acte, mais qui est capable de devenir, d’une manière actuelle, tous les intelligibles. Ce premier principe, Alexandre le nomme l’intelligence matérielle (6 lûaxoç wj ;) ; non pas qu il faille, en lui, voir une matière capable, par son union avec une forme, de produire une certaine substance ; mais afin de rappeler par ce nom que cette intelligence est en puissance de comprendre tous les intelligibles comme la matière est en puissance de recevoir formes.

Au-dessus - de cette intelligence matérielle, qui peut prendre mais (pii ne comprend encore rien, qui est pure puissance, il y a l’intelligence acquise ou, mieux, en voie d’acquisition (6 VÛ’JÇ

sauce,

Il y a, enfin3 4, l’intelligence active (6 Noû ; qui transforme Fintelligencc matérielle en intelligence acquise. Intelligible par nature et d’une manière actuelle, elle est la cause qui met en acte l’intelligence en puissance, qui lui donne de comprendre. Elle est forme pure, séparée de la matière ; elle n’est unie a l’intelligence matérielle qu’au moment où F âme pense. Elle est incorruptible, immortelle et éternelle. Cette Intelligence en acte est un être divin 6 Ûeto ; Noûç) Soit seule, soit en collaboration avec les mouvements des orbes célestes, elle engendre et gouverne les choses que contient l’orbe de la Lune ; cite engendre, en particulier, l’intelligence en puissance.

Unie à l’intelligence en puissance afin que celle-ci comprenne, F Intelligence active ne lui est pas indissolublement liée5 ; elle toutes les

tout coin-

, mieux, en

sTzixTT^o ;). C’est l’intelligence qui pense, celle qui, de la puispasse à Fade*

i. Alexandri Aphroihsiexsis Prte/cr commenta ria scripla minora. De anima liber rum mon !iusa. Edîdh lvo Bruns. Berolini, 1887. Alexàxdhi Aphrodisiensis Dr anima /l’èri ma/ifissa. Ilsot voü. Pp. 106 sqq. >. Alexandre d’Aphrodisias, loe. c/7. ; cd. oit., p. 1071 3. Alexandre d’Aphrodisias, ibùl.

4. Alexandre d’Aphrodisias, r/7. ; éd. cît., pp. ïie-ii3.