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LES SOURCES DU NÉO-PLATONISME ARABE

Vie. Mais vu riotciligenco, l’Etrcct la Vie sont deux Intelligences ; el dans la Vie, l’Ètrc et l’Intelligence sont deux îes ; et dans l Etre, l’intelligence et la Vie sont deux Etres. S’il en est ainsi, c’est simplement parce que chacun des premiers principes est cause ou effet ; or l’effet est dans la cause sous forme de cause, et la cause en l’effet sous forme d’ellct... Le Sens est donc en l’Ame sous forme animale, et F Aine est en LIntelligence sous forme intellectuelle ; l’intelligence est en l lïtre sous forme d’essence, et l Ètre premier est en l’Intelligence sous forme intelligible  » L’Elrr premier sera dans rintelligence par son effet, c’est-à-dire par L essence de rintelligence ; mais cet effet y aura la seule manière d’ètre qui convienne à rintelligence, c’est-à-dire qu il sera intelligible. De ce principe, voici la conséquence que tire le Liwe t/e.s Cti/fses ‘ : l oute intelligence connaît sa propre essence. La connaissance, en effet, c’est la coexistence de l’intelligence qui connaît et de l’intelligible qui est connu ; or, il n’est pas douteux que l’essence de rintelligence, qui est intelligible, coexister l’intelligcnce ; elle est donc connue d’elle.

Mais en connaissant sa propre essence, rintelligence connaît tontes choses ; car tontes choses sont, dans cette essence, à l’état intelligible ; les choses supérieures à l’intelligence y sont, en tant qu’effets, parce qu’elles sont causes de rintelligence ; les choses inférieures à rintelligence y sont en manière de formes intclli cibles, parce que rintelligence est cause de ces choses. Ce qui vient d’ètrc dit de l’intelligence peut se répéter de l’Ame d, à la seule condition de substituer le mode de connaissance qui convient à l’Ame au mode de connaissance qui est propre à l’intelligence. L’Ame, donc, connaît les choses intelligibles parce quelle connail les impressions produites en elle-inème par ces choses ; elle connaît, d’autre part, les choses sensibles parce que ces choses, dont elle est la cause, sont en elle sous forme exemplaire. (Lest donc encore en se connaissant elle-même qu elle connaît les choses qui sont au-dessus «1 elles et les choses qui sont au-dessous d’elles ; en sorte que toute sa connaissance se résume, comme il advenait pour rintelligence, à connaître sa propre essence.

« Or tout être qui connaît sa propre essence revient à son essence par un retour complet. » En cette connaissance, ce qui connaît est identique à ce qui est connu ; elle constitue, à pro- 1. Liber de Causis9 XIHjétl. cit., fol, 78, coll. c et d , 2. Liber de Causis, XIV ; éd. cil., foL 79, coll. a et b* 4