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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

A cela, Pierre d’Abano répond : « Le Commentateur a parlé en ces ternies de l’Astrologie des mouvements et non point de l’Astrologie judiciaire ; celle-là, en effet, lui semblait fabriquée sur de faux principes, en ce qu’elle admet des excentriques, des épicycles et des mouvements propres des planètes, mouvements qui déchirent le corps céleste... C’est ce qu’on a vu dans la quatrième différence du Litcidator ».

Notre auteur poursuit en ces termes :

« Il semble qu’il ait existé trois Astrologies. » La première sc proposait de sauver toutes les apparences à l’aide d une multitude de sphères ; de ce qu’une planète semblait mue d’un certain nombre de mouvements, on en concluait qu elle possédait autant de sphères chargées de la mouvoir ; on admettait, en effet, que l’astre était fixé à une sphère comme un clou est fiché dans une roue...

» La seconde est celle qui qpt admise aujourd’hui ; elle est fondée sur l’emploi des épicycles et des excentriques ; elle admet que les planètes se meuvent par elles-mêmes et de mouvements propres au sein de leurs orbes...

» 11 y en a enfin une troisième qui a beaucoup de ressemblance avec la première et qui a été inventée il n’y a pas très longtemps par Aveupctracius Abuisach ; celte théorie admet que toutes les sphères et tous les cercles sont concentriques et exempts d’épicycles ; elle admetaussi qu’ils sont mus par un seul moteur simple ; par là, elle s’écarte de la doctrine des Péripatéticiens ; cette doctrine supposait, en effet, qu’il existe plusieurs moteurs. Cette Astronomie admet que les différentes sphères sont plus ou moins rapides selon qu elles sont plus ou moins rapprochées du premier moteur ; elle se propose, enfin, en usant de plusieurs pôles animés de mouvements divers, de sauver les apparences. » Mais ni cette dernière Astronomie ni la première ne saurait subsister, comme le reconnaît quiconque considère ce que j’ai expliqué au Lucidator. Elles semblent n ôtre que de vaines paroles sans application au sujet. Elles n’ont point, en effet, produit de tables et de canons à l’aide desquels on pût saisir le mouvement précis du ciel et des planètes, comme La fait la seconde. » Ce Lucidator Astronomiæ, plusieurs fois cité par Pierre d’Abano, jamais, croyons-nous, l’imprimerie ne l’a publié 1 ; mais il existe à i. J/existence même de cet ouvrage est demeurée inconnue au savant bio graphe de Pierre d’Abano, à M. Cirillo Ronzoni.