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L’ASTRONOMIE ITALIENNE

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Impie ou non, d’ailleurs, la théorie de l’horoscope des religions h a pas été imaginée par Pierre d’Abano ; elle était courante avant lui ; elle avait été répandue dans lu Chrétienté, semble-t-il, par V Introductorium mftjua d’Albumasar ; c’est à cet ouvrage que Roger Bacon l avait empruntée pour la développer avec complaisance dans l’O/m.v pour i offrir au pape Clément I comme un saisissant exemple du secours que l’Astrologie peut apporter aux choses de la Religion.

A la vérité, si Pierre d’Abano, présentant l’horoscope des religions, a paru réduire, pour un instant, les mouvements et les dispositions des astres au rôle de signes des évènements futurs, il semble bien, en toute autre circonstance, les regarder comme des causes efficientes : « A chaque planète, dit-il’, est attribuée une certaine direction commune imposée à ce monde ; il appartient à chacune de gouverner le monde à sa manière, surtout par l’intelligence qui lui est unie, comme l’écrit Averroès au traité De siibstanùa orbis.... C’est lorsque Mars gouvernait le monde que le déluge a eu lieu, surtout à cause de la conjonction des planètes dans le signe des Poissons. Sous la domination de la Lune ont eu lieu la dispersion des langues, la. destruction de Sodome et de Gomorrhe, la sortie d’Israël de la terre d’Egypte. Beaucoup d’autres évènements se sont, produits selon les natures et les propriétés des planètes qui gouvernaient alors, natures et propriétés dont ces évènements étaient les indices. »

Il est bien difficile de ne pas voir on ce passage l’affirmation que de grands faits de l’Histoire sacrée, attribuée par les Juifs et les Chrétiens à l’action miraculeuse de Dieu, n’étaient que les effets naturels des influences astrales.

On n’en saurait douter ; convaincu que tout, au sein du monde sublunaire, est gouverné par les mouvements du ciel, Pierre de Padoue ne pouvait trouver place, ici-bas, pour l’action miraculeuse de Dieu, non plus que pour T intervention de la liberté humaine. Sa doctrine astrologique l’obligeait à fournir une explication purement naturelle de tous les elle (s où les Chrétiens reconnaissaient une suite de la libre volonté divine. Qu’il fût, en ce point, conséquent avec ses principes et qu’il eût eucouru, par là, les châtiments terribles que T Eglise réservait aux hérétiques, nous l’allons apprendre de source sûre.

Le théologien Thomas de Strasbourg, de l’ordre de Saint Augustin, dans son commentaire aux Sentences de Pierre Lombard 1

1. Pierre d’Abano, toc. cit.