Page:Duhem - Le Système du Monde, tome IV.djvu/230

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
224
L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

Chacun des traités du Convito est précédé d’un chant dont il est le commentaire ; les considérations astronomiques que nous venons de résumer avaient pour objet d’éclaircir ce vers, par lequel débute le second chant :

Voi che, intendendo, il terzo ciel movete.

Poursuivant donc son commentaire, Dante va s’attacher d’une manière toute particulière à décrire le troisième ciel, le ciel de Vénus.

Chaque ciel, ayant pour mouvement propre une rotation autour de deux pôles, possède un équateur équidistant de ces deux pôles. « Sur ce cercle [équatorial], dans le ciel de Vénus, dont nous traitons à présent[1], est une petite sphère qui tourne sur elle-même au sein de ce ciel ; les astronomes nomment épicycle le cercle [équatorial] de cette sphère ; comme la grande sphère tourne sur deux pôles, ainsi tourne la petite ; et, de même, cette petite sphère a un cercle équatorial ; cela est d’autant plus noble, qui est plus près de ce cercle ; or, sur l’arc de ce cercle ou sur ce cercle lui-même, est fixée la très brillante étoile de Vénus. Nous avions dit qu’il existait dix cieux ; mais, selon la stricte vérité, ce nombre ne les comprend pas tous ; car celui dont nous venons de faire mention, savoir l’épicycle, en qui l’étoile est fixée, est, par lui-même, un ciel ou bien une sphère. »

En ce passage, il est question de l’épicycle de Vénus ; mais de l’excentrique, il n’est fait aucune mention.

L’excentrique n’est pas cité davantage en un autre passage que nous allons maintenant rapporter.

Dante admet, comme Aristote, que chacun des mouvements célestes est produit par une pure intelligence et, comme nombre de théologiens de son temps, il met ces intelligences parmi les anges. Aux mouvements divers de chaque ciel[2], président des esprits qui appartiennent à l’un des neuf chœurs angéliques ; et le chœur où ils prennent place est d’autant plus sublime que le ciel dont ils meuvent les diverses parties est, lui-même, plus élevé ; au ciel de la Lune, les divers mouvements sont produits par des Anges ; des Archanges dirigent le ciel de Mercure, des Prônes le ciel de Vénus.

« Ces Trônes, auxquels le gouvernement de ce ciel est échu en partage, ne sont pas en fort grand nombre; au sujet de ce nombre, les opinions diffèrent parmi les philosophes et les astronomes, selon la diversité de leurs sentiments touchant les circulations de

  1. Dante Alighieri, Op. laud., tratt. II, cap. IV ; éd. cit., pp. 118-119.
  2. Dante Alighieri, Op. laud., tratt. II, cap. VI ; éd. cit., pp. 128-129.