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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

nent sur les pôles du Zodiaque, d’Occident en Orient, par un mouvement contraire à celui du premier mobile. Ce mouvement est très lent, car, selon Ptolémée, il est d’un degré en cent ans ; comme le ciel a 360°, ce mouvement est complet en trente-six mille années, d’après Ptolémée. Cette durée est celle que Platon nommait la Grande Année, toutes choses reviendraient au même point. Si donc à telle époque, Platon enseignait en telles écoles, se trouvait en telle chaire, et avait tels élèves, au bout de trente-six mille ans, la Grande Année étant accomplie, le même Platon devait se retrouver dans les mêmes écoles, sur la même chaire, devant les mêmes élèves et prononcer les mêmes discours. Mais cette supposition est trop insensée pour mériter que l’on considère les impossibilités qui en résultent ; laissons-la donc comme un vain propos. »

La huitième sphère étant animée de deux mouvements en sens contraire l’un de l’autre, un seul de ces deux mouvements, le mouvement lent, peut lui être propre ; l’autre, le mouvement diurne, lui est assurément communiqué par une sphère située au-dessus d’elle, par un ciel cristallin dépourvu d’étoiles. C’est une proposition que Gilles de Rome formule à plusieurs reprises et qu’il démontre [1] à l’aide des principes bien connus de la Physique péripatéticienne.

Encore que l’Opus hexameron soit une œuvre théologique plutôt qu’un traité scientifique, il nous a fourni des renseignements assez détaillés sur les opinions que Gilles de Rome professait en Astronomie. Avec tous ceux qui, de son temps, observaient le cours des astres, il repousse l’hypothèse d’Alpétragius pour se rallier au système des excentriques et des épicycles. S’il éprouve quelque hésitation, c’est seulement au sujet du mouvement qu’il convient d’attribuer à la sphère des étoiles fixes ; entre l’hypothèse de la continuelle précession vers l’Orient et l’hypothèse de la trépidation, il demeure en suspens ; il penche toutefois, comme la plupart des astronomes de son temps, vers la supposition de l’accès et du recès.

Il est permis de remarquer que Gilles de Rome ne fait aucune allusion à la synthèse alphonsine par laquelle les deux hypothèses de la continuelle précession et de la trépidation se trouvent admises simultanément et sont composées entre elles. L’Opus hexaemeron s’exprime, à l’égard du mouvement de la huitième sphère, comme

  1. Voir, en particulier : Ægidii Romani Op. laud., Secunda pars, cap. XVI (éd. cit., fol. 37, col. a, b, c et d). Cap. XXXVI (éd, cit., fol. 52, col. d ; fol. 53, Coll. a, b et c).