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LE SYSTÈME D’HÉRACLIDE AU MOYEN ÂGE


qu’une planète décrit, par ses écarts en latitude, de part et d’autre du Zodiaque ».

Les grandes variations qu’un tel mouvement impose à la distance de la Terre à Vénus ou à Mercure rendent ces planètes tantôt plus visibles et tantôt moins visibles. « Lorsque ces deux planètes se trouvent au-dessous du Soleil [1], on les voit clairement en plein midi ; cela tient à ce qu’elles sont alors plus voisines de la Terre ; elles paraissent plus grandes, et le Soleil ne parvient pas à les rendre invisibles. Lorsqu’elles se trouvent, au contraire, au-dessus du Soleil, la clarté de cet astre ne permet plus de les voir, car elles sont alors plus petites ».

Le Pseudo-Bède se prononce donc très nettement en faveur de l’hypothèse qui fait de Vénus et de Mercure des satellites du Soleil, et qui prépare ainsi la voie aux systèmes de Copernic et de Tycho Brahé. Cette hypothèse, c’est assurément à Macrobe qu’il en doit la complète connaissance, encore que Chalcidius et Martianus Capella aient pu la lui révéler, comme ils l’avaient révélée à Jean Scot.

VIII

GUILLAUME DE CONCHES. SES ÉCRITS. SA MÉTHODE

Saint Ambroise, Hygin et Suétone sont presque les seules sources auxquelles Saint Isidore de Séville ait puisé ses très maigres connaissances astronomiques.

Pline l’Ancien, qu’lsidore semble avoir ignoré, apporte au Vénérable Bède de nouveaux renseignements, et le Moine de Wearmouth se hâte d’en profiter.

La documentation de Jean Scot Erigène s’est singulièrement accrue, en partie parce que le Philosophe de Charles le Chauve connaissait la langue greque. A la Patrologie latine se joint, pour lui la Patrologie grecque, enrichie des écrits attribués à Denys l’Aréopagite et des commentaires de ces écrits. En outre, la liste des auteurs profanes lus par les Scolastiques latins s’est singulièrement allongée ; à l’Histoire naturelle de Pline sont venus s’ajouter la Géographie de Ptolémée, les Noces de la Philologie et de Mercure de Capella, et surtout le Commentaire au Timée de Chalcidius. Révélée aux Latins par ce commentaire en même temps

1. Bède le Vénérable, Igc. cit, , col. 889 : De ordine planetarum.

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