Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/90

Cette page n’a pas encore été corrigée
83
LE SYSTÈME D’HÉRACLIDE AU MOYEN ÂGE


demi, le firmament ne le dépasse que d’un signe. La Lune, au contraire, qui est la plus infime des planètes, est aussi la plus lente… Ceux-ci enseignent donc que la Terre est immobile et que tous les astres tournent dans le même sens autour d’elle. Cicéron acquiesce à cet avis ; il dit, en effet, que le son le plus aigu est produit par l’extrême vitesse de la rotation du firmament, tandis que le plus grave est produit par la Lune, à cause de l’extrême lenteur de sa révolution ».

Il est bien vrai qu’au Songe de Scipion, Cicéron tient ce langage [1] ; mais il s’en faut bien qu’il entende adhérer, par là, à l’opinion de ceux qui font tourner tous les astres d’Orient en Occident, car il vient d’enseigner [2] qu’il existe « neuf orbes ou plutôt neuf globes… ; que le premier de ces globes est le globe céleste, qui est extérieur aux autres et qui les embrasse tous ; à ce globe, sont fixés les cours éternels des étoiles ; au-dessous de ce globe, il en est sept autres qui se meuvent en arrière d’un mouvement contraire à celui du Ciel. »

Macrobe, qui a commenté le Songe de Scipion, et que le Pseudo-Bède cite volontiers, a nettement embrassé le même parti [3].

C’est donc très vraisemblablement au Commentaire de Chalcidius que l’auteur du De mundi constitutione liber a lu l’hypothèse qu’il attribue aux Péripatéticiens et que Chalcidius attribue aux philosophes ; il est piquant de constater que cette hypothèse était connue chez les Chrétiens d’Occident longtemps avant qu’Al Bitrogi la prit pour fondement de son système astronomique.

Le Pseudo-Bède parle quelque part [4] des spirales que décrivent les corps célestes. Cette allusion a pu lui être inspirée par Macrobe, qui mentionne [5] le chemin en forme de spire que Cléanthe attribue au Soleil, ou par Chalcidius, qui fait connaître cette volute d’acanthe. Nous ignorons, en revanche, quel astronome ancien a pu lui suggérer les curieuses réflexions [6] que nous allons reproduire.

Les parties du ciel des étoiles fixes qui sont voisines de l’équateur sont les plus éloignées de l’axe du Monde ; c’est assurément ce que notre auteur veut exprimer lorsqu’il dit que ces parties constituent le renflement (tumor) du ciel. La sphère du Soleil, elle

1. M. Tullii Cickronis De re pub ! ica Kb. Vl (Sotnnium Scipionis), § i8.

2. Cicéron, toc. cit, , | 17.

3. Ambrosh Theodosii Macrobii Commentarii in Somnittm Scipionis lib. I, cap. XVIII.

4. Bède le Vénérable, toc. cit., coi. 892 : Deabsidibus.

5. Ambrosh Thbodosii Macrobii Op, laud., liber primus, cap. XVLL

6. Béde lb Vénérable, toc, cit., coïl. 896-887 : Do fcodiaca ; cf. col. 894 ; Quo tempore cursus perfîcianl planetæ.

  1. 1
  2. 2
  3. 3
  4. 4
  5. 5
  6. 6