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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

« L’estoille de Mercure fu veue emmi le cours du Soleil aussi comme une petite tasche noire en la seszième kal. d’avril [807], [qui] un poi devant ce [avoit] ot esté moiene ou centre de celles meismes estoille. Si fu veue en tele manière par VII jours, mais l’an ne pout apercevoir quant elle y entra, ne quant elle en issi, pour l’empeechement des nues. »

Giovanni Schiaparelli, qui a fait le premier cette remarque [1], en a conclu naturellement que le De mundi constitution liber ne pouvait être de Bède, qu’il avait été écrit au plus tôt au ixe siècle, qu’il était donc postérieur d’au moins un siècle au vénérable Moine de Wearmouth.

Cet écrit a très profondément subi, nous le verrons, l’influence de Macrobe, qui s’y trouve fort souvent cité ; cette considération nous conduit à penser que l’auteur vivait après Scot Erigène, qui ne parait pas avoir connu la séduction qu’allait exercer la science de Macrobe ; il ne nous semble, d’ailleurs, possible de préciser ni le temps ni aucune circonstance de la vie de cet auteur [2].

Nous avons dit qu’en deux chapitres différents du De mundi constitutione liber, on retrouvait la mention d’une observation faite sous Charlemagne ; selon cette observation, Mars serait demeuré invisible pendant toute une année. Nous avons là un exemple du désordre qui se montre en la composition de cette œuvre ; bon nombre de passages se trouvent reproduits, presque textuellement, en deux endroits du livre ; ainsi en est-il des principales théories astronomiques que l’auteur expose. En outre, les dernières pages du livre ne présentent aucun rapport avec ce qui les précède, au point qu’on les prendrait volontiers pour un fragment détaché de quelque autre ouvrage.

Le Livre de la constitution du Monde céleste et terrestre appartient, comme le De Universo de Rhaban Maur, à la tradition qu’a inaugurée le De natura rerum liber d’Isidore, qu’a continuée le De natura rerum liber de Bède ; nous verrons qu’il a beaucoup emprunté à ces deux livres Sur la nature des choses ; mais l’esprit qui a présidé à ces emprunts diffère extrêmement de celui qui a dirigé la rédaction du compilateur de Mayence.


1. G. V. Schiaparelli, Le sfere omocentriche di Euaosso, di Callippo e di Aristotele, IV (Memorie del R. Instituto Lombardo di Science e Lettere. Classe di Scienze matematiche e naturali. Vol. XIÎI, p. 135. Milano, 1877).

2. Un autre écrit, faussement attribué à Bède comme celui-ci, paraît être de Manégold [ÎJom G. Morin, Le PseudoBède Sur les psaumes et V Opus super psaP terium de Manégold de Lautenbdch, Revue Bénédictine, XXVlIle année, ion, p. 331].

    Francorum Metteuses... ; anno DCCCVIfl (Recueil des Historiens des Gaules et de la France, t. V ; nouvelle édition, Pans, 186g, p. a5, p. 56 et p. 353),

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