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LE SYSTÈME D’HÉRACLIDE AU MOYEN ÂGE


Soleil est dans tel signe. — Quomodo Sol in quolibet signo esse dicatur ». Voici la réponse que reçoit cette question :

« On dit que le Zodiaque est, avec les signes, fixé dans le Ciel, tandis que le Soleil se transporte, bien loin du Zodiaque, dans l’espace qu’occupe l’éther ; il y a donc lieu d’ajouter ici, je pense, pour quelle raison on prétend que le Soleil circule sur le Zodiaque. De cela, l’explication n’exige pas une laborieuse argumentation. Nous disons, en effet, que le Soleil est dans un signe lorsqu’il parcourt la région de son cercle qui se trouve placée au-dessous de ce signe ; ils sont donc tous deux transportés, le signe courant au-dessus du Soleil et le Soleil courant au-dessous. Il en est également, sachons-le, des autres planètes ».

Nous voyons par ce passage quelle constitution Helpéric attribuait au système des astres ; à une sphère solide, qu’il nomme simplement le Ciel, sont fixées les étoiles, celles, en particulier, qui forment les constellations du Zodiaque ; la concavité de cette sphère est remplie par l’éther, au travers duquel circulent les astres errants. C’est une hypothèse analogue que soutenaient les Stoïciens, Cléanthe par exemple, dont Macrobe nous rapporte l’opinion sur le mouvement du Soleil.

Aussitôt après le chapitre que nous venons de citer, nous en trouvons un autre 1 où nous ne reconnaissons plus seulement l’influence de Macrobe, mais encore une trace très nette laissée par la lecture de Chalcidius. Ce chapitre est intitulé : « Contre ceux qui prétendent que les planètes sont mues en sens contraire du mouvement du Monde. — Contra eos qui dicunt planetas contra Mundum ferri ». Le voici :

« Il est une chose qui ne me cause pas une médiocre émotion ; c’est ce qu’affirment nombre de gens et, en particulier, presque tous ceux qui traitent du hasard (pene omnes hasartis tractatores) ». Ce sont évidemment les astrologues qu’Helpéric désigne en ces termes. « Ils prétendent que le Soleil, la Lune et les autres planètes font effort contre le Monde.

» En effet, si leur mouvement naturel tend sans cesse vers le Levant, je ne puis apercevoir ce qui les conduit vers le Couchant

  • . Us disent, il est vrai, que ces astres sont poussés par

l’impulsion de la sphère céleste ; que ce soit là une raison frivole, cela se voit clairement, alors qu’aucun de ces astres ne touche cette sphère, et que chacun d’eux, dans son mouvement, en demeure séparé par un très grand intervalle.

1. Ms. cit., foj. 4, v°, et foi. 5,

2. Au lieu de : Occasum, le texte que nous avons consulté porte : Ortum.