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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

» Chacune des deux zones tempérées est, pour la même raison, habitée en tout son pourtour, car la température du climat y suit partout le même régime. »

L’Océan partage chacune des zones habitables en deux demizones, car il forme, autour de la terre, une large ceinture qui passe par les deux pôles. Il y a, ainsi, en somme, quatre « taches » habitables.

« Il n’y a donc pas un seul genre humain distinct du nôtre ; il y a plusieurs genres, séparés les uns des autres, qui se distinguent de la manière suivante :

» Ceux que la zone torride seule sépare de nous sont nommés par les Grecs nos antéciens (ἀντοῖϰοι). La calotte glaciaire australe les sépare de ceux qui habitent l’autre côté de leur zone. Ces derniers, à leur tour, se trouvent, par l’interposition de la zone torride, mis à l’écart de leurs antéciens, qui vivent dans la même zone que nous. Ces antéciens-ci, enfin, sont empêchés de venir à nous par le froid de la calotte septentrionale. »

Martianus Capella enseignait, au sujet de la terre habitée, la même opinion que Macrobe, et presque dans les mêmes termes.

« Le globe de la Terre, disait-il [1], est partagé en cinq zones… dont trois sont rendues inhabitables par l’intempérie qu’y produit l’excès des qualités contraires ». Les deux zones, en effet, qui sont voisines des pôles, sont livrées à la congélation causée par le froid ; la zone médiane est torride ; « mais les deux autres, tempérées par le souffle d’une brise propre à entretenir la vie, ont offert fine habitation aux êtres vivants ».

L’Océan, d’autre part, entoure la terre, en y séparant l’un de l’autre deux continents.

Sur le continent qui nous porte, et qu’entoure l’Océan, il y a, ainsi, deux régions habitables ; l’une est celle où nous vivons, l’autre celle qu’occupent nos ἀντοῖϰοι, séparés de nous par la zone torride.

L’autre continent, qui se trouve par delà l’Océan, contient également deux régions habitées.

D’une de ces régions, les habitants ont l’hiver lorsque nous avons l’été, et l’été lorsque nous sommes en hiver. Capella les nomme nos ἀντίχθνονες. Ils occupent ce que nous appelons, aujourd’hui, nos antipodes.

Les habitants de l’autre région ont les mêmes saisons que nous, mais le jour brille pour eux lorsque nous sommes dans la nuit, et

1. Martiani Capellæ De nuptiis P hilol office et Mercurii lib. VI, 602-608*

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